Quand j’étais môme, mon père conduisait une 2 chevaux, puis par fidélité à la marque, une ami 6. On allait faire le plein d’essence à la station service du quartier, et à chaque fois un pompiste arrivait, nous demandait s’il devait faire le plein, pendant qu’un autre employé s’activait à nettoyer les vitres. On discutait avec le pompiste pendant qu’il remplissait le réservoir, on payait avec des billets qu’on était allés chercher à la banque, et mon père laissait la petite monnaie. Aujourd’hui, l’automobiliste est seul en face d’un automate qui avale sa carte bleue ; il nettoie lui-même ses vitres et s’il a un problème, est obligé de consulter son smartphone, car il n’y a plus personne à qui parler.
Où sont passés ces emplois ?
L’autre jour, notre Poste principale vient d’ouvrir après 2 mois de fermeture pour travaux de réaménagement. Les guichets ont disparu, mais pas les files d’attente qui se font dorénavant devant des automates. Les vieilles personnes ont du mal à lire les instructions, et malgré le dévouement d’un postier préposé à l’assistance, les gens subissent le malheur d’être seuls en face d’une machine. Où sont passés ces emplois ?
Le supermarché local innove : une partie des caissiers et caissières est remplacée par des machines. Je vois des gens faire la queue pour se retrouver en face de machines qui lisent les codes barre des produits, impriment le ticket de caisse, en faisant payer aux clients la marchandise que ces derniers pèsent eux-mêmes. Où sont passés ces emplois ?
Aux informations, on apprend que les banques vont devoir se « moderniser » et que des centaines de milliers d’emplois vont disparaître, les employés seront remplacés par des algorithmes. On apprend que de nombreux métiers basés sur l’expertise et le savoir-faire acquis tout au long de la vie, vont être remplacés par des machines à intelligence artificielle. Que vont devenir tous ces emplois ?
Dans le même moment, le chômage s’étend avec sa cohorte de misères économiques, sociales et humaines. Notre système social s’effrite de jour en jour, ce qui est une conséquence évidente de son financement essentiellement basé sur les cotisations des gens qui travaillent.
Mais il y a de moins en moins de gens qui trouvent du travail, de plus en plus de chômeurs à aider, et de vieilles personnes à soigner. Depuis 40 ans, les différents gouvernements répètent inlassablement : « croissance, croissance, reviens ! ».
Mais même quand elle est là, on continue de détruire plus d’emplois qu’on n’en crée, car les machines sont de plus en plus productives, efficaces et intelligentes.
Alors pourquoi ne pas taxer les machines ? En travaillant pour nous, elles financeront notre protection sociale. J’ajoute une précision importante à ma proposition : nous devons limiter cette taxation aux automates de services. En effet, les robots de production ne doivent pas être taxés afin de ne pas pénaliser notre industrie dans la compétition internationale. Par ailleurs, si l’on taxe les automates de services, les calculs « rationnels » de nos économistes, intendants et comptables les amèneraient peut être à reconsidérer la suppression des emplois de services, qui sont aussi et surtout des emplois de relations humaines. Le montant de la taxe devrait être évalué pour permettre à la fois de maintenir certains automates en activité, et baisser les charges sociales sur les emplois de services sauvegardés ou nouvellement créés.
Nous pourrions ainsi envisager sereinement un avenir avec plus d’emplois, plus de services, moins de chômage.
François Thellier est spécialiste du green business en immobilier d'entreprise, conseiller en architecture et ingénieries alternatives, urbanisme écologique,
montage financier immobilier. Pt de la société SOVALECO (qui effectue des missions de valorisation des actifs par l'écologie, et développe différents projets dont "ma maison sur le toit" pour
valoriser les toitures-terrasses des immeubles). François Thellier est un ami du PRé.
Écrire commentaire