COURTE REFLEXION SUR LA GESTION DE LA CRISE
On lit beaucoup de commentaires du genre "fallait faire comme ci, dire comme ça"...
Il y a probablement des erreurs, certainement des dysfonctionnements, mais admettons en même temps que c'est très compliqué de communiquer en période de crise.
La communication de crise est celle où l'on constate... que toutes les théories s'effondrent. Pour cette raison, lorsque j'enseignais la communication à l'université, je plaçais ce chapitre de la com' de crise en fin de programme.
Ainsi, je démarrais le cours : « vous allez voir maintenant comment tout ce que vous avez appris... s'écroule en un instant ».
Personne ne détient la solution magique de la communication parfaite en temps de crise (hormis quelques charlatans).
On ne s'adresse pas à une population de 67 millions d'habitants dans un tel contexte, comme on cause à ses potes ou disserte devant une salle de 100 personnes. Pour informer utilement, le chemin est très étroit, il est entre la désinformation et le risque de créer des mouvements de panique (aux conséquences difficiles à estimer). Je repense à cette phrase d'Alain Bombard, après sa traversée de l'Atlantique en canot pneumatique (je le cite de mémoire) : "La faim tue en quelques semaines, la soif en quelques jours, la panique en quelques secondes".
Autre chemin étroit dans cette période de pandémie, celui qui court entre le grand foutoir et l'étouffoir. Entre les deux, il y a l'échange serein, respectueux et argumenté. Rien ne justifie que le débat soit interrompu, c'est l'oxygène d'un système démocratique.
Pendant la 1e Guerre Mondiale (la situation n'est pas la même, certes) le débat parlementaire se poursuivait, en prenant des précautions (afin que l'info stratégique n'atteigne pas l'ennemi) et malgré l'avis du ministre de la Guerre qui rêvait d'une guerre qui soit la seule affaire des militaires. Débattons et débattons de tout, de l'essentiel et du superficiel. Mais de grâce, rangeons notre manie des polémiques, notre frénésie des bons mots, nos obsessions du buzz.
Les politiques, les éditorialistes, les commentateurs de tout poil devraient s'inspirer d'Ernst Jünger, cité hier matin sur France Inter par Thomas Legrand : « Chaque remarque polémique que l'on garde pour soi est un mérite que l'on s'acquiert... et cela d'autant qu'elle contenait de l'esprit ».
Où se situe la ligne jaune ? Probablement autour de la valeur d'union nationale.
Veillons, dès que nous lâchons un mot ou une phrase, qu'il ou elle n'abîme pas cette indispensable union. Serrer les rangs, toujours, le contexte le demande. Serrer les dents, parfois...
Vianney Huguenot est journaliste, chroniqueur, présentateur, conseil en communication, enseignant.
Ancien directeur de cabinet en collectivité locale (en Lorraine et en Auvergne), Vianney Huguenot a intégré ensuite le monde des médias, comme directeur de communication et attaché de presse (en collectivité, dans le privé et en indépendant), puis comme journaliste et chroniqueur (en radio, télé et presse écrite).
Il est aujourd’hui chroniqueur sur France Bleu Lorraine et France Bleu Alsace et anime une émission sur Mirabelle TV (ViaMirabelle), « Sur ma route » au cours de laquelle il nous fait partager son « sentiment géographique » et sur ViaVosges. Collaborateur de plusieurs revues (L'Estrade, Bonnes Terres, Alea Jacta Est, Cap France, Le Petit Futé...). Vianney Huguenot est également consultant, conseiller, intervenant en communication et relations presse, formateur au sein d’entreprises, d’associations ou d’administrations, et chargé d’enseignement pendant 15 ans à l’Université de Lorraine.
Vianney Huguenot est un contributeur du PRé et coanime la rubrique "Tutti Frutti".
Il a écrit plusieurs ouvrages, notamment : « Les Vosges comme je les aime » (Vents d'Est 2015), « Jules Ferry, un amoureux de la République » (Vents d'Est 2014), « Jack Lang, dernière campagne. Éloge de la politique joyeuse » (Editions de l'aube 2013), « Les Vosges par le cul de la bouteille » (Est livres 2011, préfaces de Philippe Claudel et Claude Vanony), « La géographie, quelle histoire ! » (Editions Gérard-Louis 2009, en collaboration avec Georges Roques, professeur d'université. Préfaces de Christian Pierret et Jean-Robert Pitte. Postface d'Yves Coppens), « Référendums locaux, consultations des électeurs, une avancée pour la démocratie ? » (Territorial éditions 2005)…
📷Vianney Huguenot - Le verbe est dans le fruit
leverbeestdanslefruit.com/vianney-huguenot
Alain Bombard (1924-2005), biologiste, chercheur, fut connu du grand public pour sa traversée en solitaire de l'océan Atlantique, d'une durée de 65 jours, à bord d'un canot pneumatique.
Son expérience l'a amené à énoncer différentes règles de survie en mer et avec son livre Naufragé volontaire (publié en 1953), il acquiert une renommée mondiale.
Ecologiste avant l'heure, écologue et protecteur de la mer, il se mobilise (en vain) au début des années soixante, dans le dossier des « boues rouges » de Cassis : contre le projet de l'usine Pechiney de Gardanne de déverser dans la mer, via un pipeline sous-marin, ses déchets issus de la bauxite (les « boues rouges ») nécessaires à la fabrication de l'aluminium.
Alain Bombard fut conseiller à l'environnement de François Mitterrand ; conseiller général du canton de Six-Fours-les-Plages ; secrétaire d'État auprès du ministre de l'Environnement dans le premier gouvernement de Pierre Mauroy ; député européen de 1981 à 1994.
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Dominique Lévèque (mardi, 24 mars 2020 09:33)
Faut-il continuer à débattre, critiquer, polémiquer dans cette période ? C'est la question à laquelle Vianney Hugunot a tenté de répondre tout à l'heure au micro de Roger Cayzelle et Thierry Georges sur RCF : https://rcf.fr/actualite/social/marie-luff-journaliste-dans-l-est-mosellan-roger-cayzelle-et-olivier-pia