Cinq ans après, le procès des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Casher semble se dérouler dans une relative indifférence dans l’opinion publique et réussit surtout l’exploit de raviver la dissémination, y compris idéologique, des gauches sur les enjeux du procès, sur la laïcité notamment. Comme si elles avaient décidé de s’ingénier surtout à coller à l’étiquette d’« irréconciliables » dont on les a affublées depuis 2012. Et de rester soit pusillanimes soit de se réfugier dans une stricte posture électoraliste.
C’est à pleurer : avec d’autres, y compris une frange de la gauche institutionnelle, la gauche dite « radicale », une large partie en tous les cas, préfère accuser encore Charlie d’offenser les croyants ou d'alimenter la peur des musulmans. Allant jusqu’à vitupérer contre le dernier texte du dessinateur Charb, Lettre ouverte aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes (écrit peu avant son assassinat) à laquelle elle avait pourtant tenu initialement à apporter son soutien.
Comme si leur priorité était d’alimenter un monde « de fureur de de sarcasmes » pour reprendre un mot de Philippe Lançon qui relit depuis le début du procès les Possédés de Dostoïevski...
A la demande de nouveaux sympathisants, nous republions ci-dessous une "Note du PRé" (datée de nov 2019) qui restitue notre sentiment sur la question de la laïcité.
06-11-2019
La question de la laïcité est souvent caricaturée, soit qu’elle apparaisse comme la marque d’un universalisme républicain post-colonial ou le faux nez de « l’islamophobie », soit que l’on soupçonne ceux qui voudraient la définir comme voulant faire le lit du communautarisme. Le résultat est un silence souvent gêné, ou une parole empruntée sur les questions de société ou d’actualité qui s’y rattachent. Nous appartenons tous à des « communautés » d’origine diverses, de fait, parfois au moins autant qu’à une catégorie sociale. Sans que nous nous définissions comme tels, ni même que nous y songions ! Ces communautés peuvent être culturelles, ludiques, professionnelles, géographiques, sexuelles, religieuses, philosophiques, etc. Ces appartenances sont même constitutives de nos identités individuelles.
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