10 PROPOSITIONS écologiques et sociales présentées par le PRé
On ne pourra pas consommer mieux et moins, sans gaspiller, sans le recours à une publicité responsable.
On ne pourra pas réussir la transition vers un nouveau modèle de développement sans remettre en cause notre modèle publicitaire, hyper consumériste et énergivore, sans le transformer en un levier de la transition écologique, en un levier économique, mais aussi social.
Non seulement celui-ci fournit en permanence une incitation à consommer, mais surtout il nous place dans une idéologie du bonheur par la consommation. L’hyper consommation implique une pression constante sur les matières premières, entraîne un amoncellement de déchets et contribue à cette frustration sociale basée sur l’envie envers les catégories les plus favorisées, les seules représentées dans les campagnes publicitaires. Est-il raisonnable et réaliste de s’en remettre à la seule autorégulation du secteur ?
1 mesure concrète : une première disposition pourrait consister à rendre obligatoire la réalisation par les entreprises du secteur de la publicité de bilans carbone de leurs actions de communication. Une mesure qui ne serait pas exclusive de l’utilité d’élaborer “une charte climatique pour la publicité audiovisuelle » ou de mettre en place concomitamment des procédures de co-régulation, comme l’évoque le rapport Libaert & Guibert (1) sur « Publicité et transition écologique » remis en juin dernier à la ministre de la Transition écologique. Des engagements doivent être pris par la profession pour tendre vers la neutralité carbone, mais aussi pour s'interdire certaines pratiques - par exemple la communication par voie aérienne ou pour des produits dont la disparition est programmée, l’affichage automatique la nuit… - comme pour s'engager dans des expérimentations, par exemple un dispositif d’opt-in obligatoire pour les imprimés publicitaires.
Les professionnels doivent aussi prendre des initiatives structurelles pour intégrer les enjeux écologiques. Un fonds de soutien à la publicité responsable pourrait être ainsi créé, qui serait alimenté par une contribution de 1 % sur les investissements publicitaires, d’un rendement d’environ 150 millions d'euros, et qui permettrait aux entreprises de taille moyenne, associations, start-up, coopératives, d’obtenir un abondement financier afin de faire connaître leurs produits ou actions écoresponsables.
Un “Grenelle citoyen de la publicité et de la transition écologique” pourrait être un moment opportun dans le passage à une publicité plus responsable. A défaut, Il faudra aider le secteur à lever les freins et les réticences en son sein, le cas échéant par la force de la loi. Il serait symptomatique que le secteur soit le seul à être exonéré de sa contribution et de ses obligations en matière de transition énergétique & écologique.
(1) Thierry Libaert, conseiller scientifique du PRé et membre de son conseil est également l’auteur du rapport Pour une consommation plus durable, en phase avec les enjeux européens (commandé en juin 2018 par le Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire, et remis en janvier 2019.
Dernier ouvrage paru : " Comment mobiliser (enfin) pour la planète " (Ed le Pommier, collec Essais, manifestes, 16 septembre 2020).
Le monde d’après, c’est maintenant
Un grand nombre de mesures sont proposées sous différents « labels », aussi bien celui de l’écologie politique, l’écologie sociale, l’éco-socialisme, l’écologie populaire, l’écologie républicaine, l’écologie sociale et populaire, l’éco-anarchie, l’écologie identitaire (et sa variante : le localisme), etc.
Hélas, leur lecture montre essentiellement un patchwork mal cousu de mesures soit de nature écologique, soit à portée sociale, jamais ou rarement les deux.
Crée en 2010 pour conjuguer République et Ecologie, les valeurs, les principes de la première, les impératifs de la seconde, concilier donc la question et la justice sociales, notre attachement à la démocratie (consubstantielle à notre idée de la République), et les mesures d’urgence en matière de transition énergétique & écologique, de promotion de nouveaux modes de production et de consommation, le groupe de réflexions politiques et sociales Pour une République écologique apporte sa modeste contribution en soumettant 10 propositions.
10 propositions, sociales et écologiques, écologiques et sociales à la fois, qui ont l’ambition d’illustrer la volonté initiale du PRé d’assortir l’écologisation de la société d’une « écologie des solutions ». 10 propositions qui disent dans le même temps quelque chose d’une nouvelle manière de (re) faire société, de « faire commune », promeuvent une politique de la cura, du soin de la Terre mais aussi des Hommes, car tout est lié, qui misent sur la clairvoyance et la bonne volonté de nos concitoyens, qui encouragent la coopération et les mobilisations sociales, politiques, intellectuelles afin de permettre plus rapidement des transformations du système économique et de notre modèle social.
10 propositions écologiques et sociales qui pourraient préfigurer un projet politique (quelque chose comme une « social-écologie »), voire un nouveau courant politique, tenant compte des inégalités sociales liées notamment au déréglement climatique, aux pollutions, à la crise de la biodiversité, aux catastrophes sanitaires, technologiques et autres cyber-risques, à la transition énergétique & écologique elle-même.
Un projet qui dépasserait le seul indicateur du PIB et de la croissance par de nouveaux ayant trait au bien-être et à la soutenabilité de nos sociétés. Un projet qui réhabiliterait l’Etat stratège et favoriserait une République un peu plus girondine. Un projet qui miserait sur la coopération, mieux susceptible de vitaminer la vie politique, de concilier démocratie représentative, démocratie sociale et participation citoyenne, qui encouragerait le recours à la démarche conventionnelle (cf. le travail remarquable de la Convention Citoyenne pour le Climat) et aiderait ainsi à se garder de l’émergence d’une société de défiance généralisée.
Un projet qui saurait prendre en compte les évolutions que la crise sanitaire que nous traversons n’aura fait qu’accélérer en matière de mobilité, de densité urbaine, de modalités de travail (multiplication des tiers-lieux, télétravail, lissage des horaires) et qui prendrait la mesure d’une évolution des échanges mondiaux vers une plus grande souveraineté industrielle.
Un projet libre de tous droits, qui ne demande qu’à être approprié par les formations politiques existantes ou à venir.
En France où l’on est en manque de projets politiques et /ou en Europe.
Car l’Europe est le bon niveau pour déployer un levier efficace et cohérent en faveur d’une coordination, d’une vigilance et d’une protection écologiques.
Ce qui ne doit pas interdire la France d’envisager la Méditerranée et l’Afrique, vers lesquelles elle a souvent eue une inclination ; avec lesquelles elle a tant d’intérêts communs, et d’interdépendances objectives. A quand de vraies coopérations, entre égaux, et pas seulement sur le registre des enjeux climatiques ? Y compris pour y entraîner l’Europe.
Car l’Union européenne est cet espace de niveau mondial permettant de constituer un cadre pertinent à partir duquel serait harmonisée et coordonnée l’action des Etats membres en faveur de la transition écologique dans différents domaines : développement économique, énergétique, échanges commerciaux, agriculture …
L’Europe reste le bon niveau pour déployer un Green new Deal, un Pacte vert, comme pour exercer une vigilance écologique et prendre les mesures de protection nécessaires face aux états qui ne s’inscriraient pas dans les Accords de Paris : USA, BRIC (Brésil…), U.K (post Brexit)… afin de ne pas entrer en contradictions, voire entraver les démarches et productions « vertueuses » des états membres.
Et si c’était le moment de subvertir plus globalement les formes contemporaines d’accumulation de la richesse et l’interventionnisme de l’Etat quand il se fait contre-productif, voire se révèle désastreux, pour remettre ce dernier sur les bons registres ?
Nous sommes à un moment politique, mais aussi philosophique fort, charnière. Une opportunité nous est donnée de redéfinir le sens que l’on veut donner à notre manière de vivre et de nous protéger ensemble, de nous solidariser.
Et, accessoirement, de ne pas finir comme les dinosaures.
«Faire commune», il n’y a sans doute pas plus urgent aujourd’hui pour faire face collectivement à l’urgence climatique, comme à la montée des périls ou pour contrer les dislocations internes à notre continent.
Pour tous renseignements, questions, suggestions et soutien :
dominique-leveque@pourunerepubliqueecologique.org
Écrire commentaire