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LA DIMENSION COMPENSATOIRE DE LA NATURE EN VILLE, par Alain Sarfati, architecte urbaniste, membre de l'Académie d'Architecture

 

   Les questions d'architecture et d'urbanisme ont fait partie des grands absentes de la campagne pour l'élection présidentielle 2022. Cela a été relevé ici-même par Jean-Claude Ribaut, membre du conseil scientifique du PRé, architecte, chroniqueur gastronomique, écrivain, dans une fantaisie à la manière des Lettres Persanes de Montesquieu intitulée "Les Français, la politique et l'architecture" (https://www.pourunerepubliqueecologique.org/2022/01/22/les-francais-la-politique-et-l-architecture-par-jean-claude-ribaut/). Et lorsqu'elles le furent, ce fut pour évoquer la "forêt urbaine" ou encore la plantation de magnolias en pot en milieu urbain. Or, « Planter des magnolias en pots, c’est comme des poulets en batterie, c’est de la maltraitance végétale. Avec un effet sur la photosynthèse nul, car il n’y a pas suffisamment de profondeur de sol pour absorber le CO2 ». Quant à « planter quatre baliveaux et appeler ça une forêt urbaine, c’est un abus de langage ». « Si on veut lutter contre la chaleur il faut des bâtiments blancs, sauf façade nord, et trouver un autre revêtement pour les chaussées » nous dit l'architecte et urbaniste Alan Safarti.

Ne pas se payer de mots ni se bercer d'illusions comme avec le discours qui voudrait nous faire croire que "l'agriculture urbaine" pourrait devenir le garde à manger des villes.

Selon Alain Sarfati, deux liens sont à rétablir pour que l'architecture retrouve sa place dans la société. L'un avec la nature, en lui faisant une place métaphorique et écologique, l'autre avec la ville, sa continuité et son activité, pour que l'architecture suscite un intérêt largement partagé. 

 

   On peut espérer que ces questions d'architecture et d'urbanisme qui sont avant tout des questions de société surgissent à la faveur des législatives de juin et à tout le moins lors de la présentation du programme d'action du nouveau gouvernement.

Dans cette perspective, il n'est pas inutile de rappeler les points sur lesquels Alain Sarfati, professeur à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, membre de l'Académie d'Architecture et membre du conseil scientifique du PRé, avait alors attiré notre attention pour élaborer la Proposition 4 : Renforcer la qualité de vie à travers un urbanisme renouvelé  des 10 Propositions sociales ET écologiques (2021) du PRé :

 

1-L’automobile a favorisé l’éclatement de la ville avec des conséquences encore plus importantes sur les villes moyennes que dans les métropoles. L’enjeu écologique est de réunir le centre et la périphérie. Redonner à chaque ville son unité.

 

2-La pensée fonctionnaliste a fait disparaitre la notion de bien commun, support de lien social qu’il est opportun de mettre en avant dans tous les projets. L’espace de la ville est défini par la qualité des relations que les bâtiments entretiennent avec la rue, l’activité, le déjà là. Si le vélo, est redevenu la petite reine il faut que le piéton devienne le roi d’un paysage dans lequel végétal et le minéral trouvent un équilibre rompu par « le tout technique ». Redonner au plaisir d’être ensemble ses titres de noblesse.

 

3-La limitation de l’étalement urbain doit être associée à une volonté, celle de mettre une limite, c’est d’elle que partira l’esprit de la reconquête d’une urbanité perdue. C’est elle qui permettra de relier les morceaux du puzzle.

 

4-La mixité opposée au mono-fonctionnalisme doit redevenir la règle et le zonage limité aux activités industrielles polluantes et dangereuses.

 

5-L’adaptabilité des nouvelles constructions passe par l’imposition de la hauteur libre des rez de chaussées qui ne pourra pas être inférieure à 4m pour permettre les continuités actives urbaines, et les reconversions.

 

6-Les centres des villes moyennes devront pouvoir accueillir de grands appartements à des coûts accessibles en cherchant le moyen de limiter, le prix de vente des mètres carrés dépassant les normes en vigueur, au coût marginal et en bénéficiant d’un abattement fiscal. Ceci pour permettre aux familles de disposer d’une vraie alternative par rapport au pavillon périphérique. L’écologie urbaine resserre ses mailles en offrant la possibilité de choisir.

 

   Alain Sarfati revient sur son sujet de prédilection dans un podcast intéressant Parole d'Archi de la revue Chroniques d'Architecture où il interroge le rapport de la ville et de la nature et ce qu'il appelle la "dimension compensatoire de la nature"... Il appelle toujours à oser une architecture pour tous qui ne doit pas forcément se résumer à la duplication d'une homogénéisation des gestes architecturaux du Nord au Sud, d' Ouest à l'Est du territoire, tant « l'uniformisation a généré une perte de sens. L'architecture doit répondre à un projet qui dise la diversité des situations, l'identité ». Il ajoute : « L'architecture doit se sentie investie de la mission de réduire la fracture sociale, en produisant du bien commun, du support de lien social ».

Alain Sarfati nous fait part dans ce podcast de son idée de la ville : « Si l'on devait concevoir des villes nouvelles, il faudrait le faire autour d'un parc, autour d'un gigantesque jardin et que la ville se dilate autour »...

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Alain Sarfati est architecte-urbaniste, enseignant, conférencier.

Membre de l’Académie d’Architecture.

Fondateur de la revue d'architecture AMC ; Cofondateur de l'École d'architecture de Nancy.

Fondateur de l'AREA (Atelier de recherches et d'études d'aménagement)

Il a été vice-président du Plan Construction, de 1988 à 1992, et vice-président du Conseil national de l’ordre des architectes, de 1992 à 1996. Il dirige aujourd'hui l’agence d’architecture SAREA.

 

Alain Sarfati est membre du conseil scientifique du PRé.

Dernière contribution :

https://www.pourunerepubliqueecologique.org/2020/05/22/un-nouvel-ordre-la-ville-ou-la-campagne-par-alain-sarfati-architecte-urbaniste/

 

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