Denis Ranque *, président de l’Académie des technologies, a présenté avant-hier un document qui se nomme "Matières à penser sur la sobriété".
Le résumé qu'il en a fait tient en trois phrases :
1. la sobriété est nécessaire à court terme, car la technologie ne suffira pas à faire face à l’urgence climatique (sous-entendu : insuffisante, elle n'en est pas moins indispensable) ;
2. la sobriété est nécessaire au progrès et le progrès est nécessaire à la sobriété (sous-entendu rendons la sobriété faisable, viable et désirable et rendons l'intempérance compliquée, chère et dégoûtante) ;
3. les experts doivent éclairer les choix pour favoriser un discernement technologique collectif (sous-entendu éclairer, pas définir)
Le rapport dit également que la sobriété individuelle ne suffit pas (on peut agir sur 25% de son empreinte écologique) et qu'il faut la rendre systémique et structurelle.
Le concept de sobriété renvoie à l'éthique dans sa dimension individuelle, mais renvoie à une refonte (une re-conception) de la société au niveau systémique : rendons possibles et désirables les comportements sobres et efficaces, attaquons nous aux enjeux d'importance (et pas aux symboles) en priorité, reprenons le chemin de la réglementation face à de vaques régulations quand le jeu en vaut la chandelle (les consignes, c'est pour quand, par exemple ?).
Face à la rhétorique dangereuse du superflu (qu’il faut définir, normer et qui implique donc une autorité suprême, une police, une justice du superflu, et on est pas sorti de l’auberge), l’univers de la sobriété tel que défini ici est bien plus intéressant.
Interdire ce qui est possible techniquement ouvre la porte à un marché parallèle et à des effets de bords. Il faut donc mieux le rendre cher et peu valorisant. On pourrait le rendre cher en y ajoutant une taxe carbone pour financer la décarbonation, pour reprendre une de mes marottes.
Bref, l'académie des technologies (330 experts, dont 4 prix Nobel) nous a livré un travail qui mérite le détour.
*Denis Ranque, président de l’Académie des technologies (Etablissement public) est membre de la
société savante depuis 2014. Ancien PDG de Thales et pt du Conseil d’administration d’Airbus (mars 2013 -avril 2020).
Denis Ranque, ancien élève de Polytechnique et de l’Ecole des Mines, ancien pt de la Fondation de l'École polytechnique, ancien membre du Conseil
d’administration de Saint-Gobain, est membre de celui de CMA CGM.
- Six constats partagés qui résument la position de la position de l’académie des technologies sur la sobriété
- Éléments qui ont alimenté ces six constats partagés
- Résumés des contributions illustratives des pôles thématiques et des experts
- Les secteurs économiques face à la nécessité de sobriété
- Les questions transversales sur la sobriété
- Promouvoir une culture de la sobriété et construire un récit mobilisateur
Olivier Ryckewaert est un spécialiste de la gestion des collectivités, promoteur de la culture du design, praticien et formateur en innovation publique.
Egalement animateur/concepteur de la Fabrique de l’innovation publique (https://fabriqueinnovpublique.fr/fabrication/), une expérimentation de formation menée avec le CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale) pour des Labs ou des équipes chargées de l’innovation dans des collectivités.
Il fut auparavant, entre autres, directeur PRI Design’in Pays de Loire, membre de la direction générale des services de la Région, et collaborateur du Président de Région Jacques Auxiette.
Fondateur de A.M.O. / O.R, assistance à Maitrise d’Ouvrage par Olivier Ryckewaert (http://www.amoor.fr/retour-sur-2021-en-a-m-o-o-r/).
https://www.pourunerepubliqueecologique.org/2023/05/02/sainte-soline-ou-quand-l-ecologie-devient-religion-absolutiste-par-olivier-ryckewaert-sp%C3%A9cialiste-de-l-innovation-publique/https://www.pourunerepubliqueecologique.org/2023/05/02/sainte-soline-ou-quand-l-ecologie-devient-religion-absolutiste-par-olivier-ryckewaert-sp%C3%A9cialiste-de-l-innovation-publique/
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