Depuis la succession des crises qui éprouve le pays, politique, sociale, économique, sanitaire, climatique et écologique, les manifestations à propos de la loi sur la sécurité globale, le mouvement contre la réforme des retraites, et aujourd'hui, cette actualité tragique - qui témoignent dans le même temps d'un renversement terrifiant des valeurs et d'un confusionnisme de plus en plus à l'Œuvre chez une partie des "responsables" politiques qui ajoute à la perte de repères des populations - les outrances verbales ont tendance à se généraliser. Elles se banalisent et semblent être mimées par tout un chacun, y compris chez une partie des plus jeunes, dans certains quartiers, qui, dans une compétition débridée dans le grand n'importe quoi, sont de plus en plus nombreux à joindre le geste à la parole. Elles nous empêchent de penser bien, c'est-à-dire avec le cœur , elles éloignent chaque jour un peu plus du sens de la nuance que requiert l'analyse des situations, la prise de décisions, le faire ensemble, le perfectionnement, voire la proposition d'alternatives. Elles polluent littéralement le débat politique. Pire, elles sont dangereuses.
Les politiques se traitent de tous les noms, ce n'est pas vraiment nouveau. Le président Macron fait l'objet comme son gouvernement de procès incessants en
autoritarisme, en dictature, en néolibéralisme autoritaire, en monarchie absolue quand ce n'est pas en régime "illibéral". La perte du sens des mots, voilà qui est
nouveau, inquiétant et mortifère. C'est la politique, la chose publique elle-même, jusqu'à la République qui sont vandalisées.
Le politiste et sociologue Philippe Corcuff, penseur des contradictions et des paradoxes de la société et des Hommes, forgeur d'une pensée de l'émancipation analyse les discours politiques et pointe au passage, à gauches, la responsabilité par exemple de la présidente du groupe LFI à l'AN, de la cheffe de file LFI au parlement européen ou encore du président de groupe PS à l'AN, jusqu'à l'ancien candidat écolo à la Présidentielle (connu pourtant pour sa modération), comme s'ils étaient tous affectés par ce qu'il appelle "l'hypertrophie lordonnienne" *. « La diabolisation de Macron peut être vue comme contribution involontaire à l’extrême droitisation ». Il le formule même plus nettement : "dire que nous sommes déjà en dictature, c’est "contribuer à normaliser le RN ".
* Le 1er février 2023, au meeting du groupe Révolution Permanente l’économiste et philosophe Frédéric Lordon, en parlant au nom du « Peuple », qualifie le président Macron de « forcené », au « regard halluciné », n’hésitant pas « à aller au bout de sa folie », en ajoutant : « et un forcené ça se déloge »...
Emmanuel Macron représenté en nazi lors de la manifestation du 26 mai 2018
La caricature des hommes politiques est classique dans l’histoire des mouvements sociaux et constitue un registre légitime de protestation vis-à-vis des dominants, jusqu’aux mannequins pendus dans la France rurale d’Ancien Régime analysée par l’historien et sociologue américain Charles Tilly. Mais ce que je voudrais montrer, c'est qu'il y a deux particularités aujourd'hui dans la diabolisation de la fonction et du nom d'Emmanuel Macron.
Premièrement, des professionnels de la politique et des intellectuels donnent de la légitimité publique à cette diabolisation. Deuxièmement, ils le font dans un contexte particulier où la frontière symbolique qui a été constituée historiquement contre l'extrême droite est en danger, et cela à un moment où la probabilité de victoire électorale de Marine Le Pen apparaît renforcée. Ils contribuent ainsi à effriter la frontière symbolique avec l’extrême droite et à consolider la normalisation du Rassemblement national.
Si nous sommes déjà dans un « régime illibéral » comme la Hongrie, voire dans une dictature, on n’a pas à s’inquiéter que Marine Le Pen arrive au pouvoir prochainement. A la fin des années 1970, du temps de Giscard, quand on traitait les ministres de l’Intérieur, Michel Poniatowski, puis Christian Bonnet, de « fascistes », cela n'avait pas de grandes conséquences parce que nous n’étions pas face à une véritable menace du fascisme. Aujourd'hui des politiques et des intellectuels semblent pris dans une sorte de surenchère verbale qui pourrait avoir des conséquences politiques : se tirer une balle dans le pied au profit du RN. Même des gens extrêmement fins habituellement, comme Jean-François Bayart en science politique (qui dit que la France est en train de rejoindre le camp des démocraties dites « illibérales ») ou des gens modérés, comme Yannick Jadot (qui diagnostique une « dérive illibérale »), sont dans l'excès. C'est une particularité de l'écosystème médiatique actuel, de la tyrannie des chaînes d'information continue et de Twitter. Mais cela pourrait, de manière non intentionnelle, servir le contraire de ce que veulent ces hommes politiques et ces intellectuels, c'est-à-dire faciliter l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite.
"NOUS NE SOMMES PAS DANS UN ETAT ILLiBERAL"
Des juristes ont raison de pointer des éléments de recul des libertés publiques et de développement de l'arbitraire étatique ainsi qu’une hausse de la violence policière contre les manifestants, mais il y a un saut qualitatif entre ces éléments et l'avènement d'un régime illibéral : est-ce que vraiment il n'y a plus de différence significative entre ce qui se passe en France et ce qui se passe en Hongrie ? Pouvons-nous vraiment comparer la France sous Macron à l’URSS, comme le philosophe Marc Crépon le propose dans un entretien à Mediapart ? A vrai dire, c'est comme si on était pris dans quelque chose qui échappait aux protagonistes de ces discours.
Pourtant nous ne sommes pas dans un Etat illibéral. Il y a un recul de l'État de droit, sans aucun doute, et il faut combattre cet affaiblissement des libertés publiques. Mais on aurait passé un stade si la Ligue des droits de l'homme avait été dissoute. Or, pour l'instant, ce n’est qu’une menace, lancée par quelqu’un qui construit idéologiquement un espace entre le macronisme et l'extrême droite, dans une optique de candidature à la présidentielle. On a affaire ici à l’extension des domaines de ce que j’ai appelé « confusionnisme » dans mon livre La grande confusion. Comment l’extrême droite gagne la bataille des idées (Textuel, 2021), c’est-à-dire le développement d’interférences et d’hybridations entre des discours d’extrême droite, de droite et de gauche sur la base de la crise du clivage gauche/droite, facilitant alors l’extrême droitisation des débats publics.
Par ailleurs, il y a un problème de violences policières mais est-ce uniquement le fait de directives gouvernementales, voire d’une manipulation de la police par le Pouvoir comme on l’entend ? Des sociologues de la police comme Fabien Jobard ont suggéré qu’on assistait aussi, depuis Nicolas Sarkozy, à une relative autonomisation du pouvoir policier par rapport au pouvoir politique : ce qui est facilité par la domination publique du discours ultra-sécuritaire et la peur qu'ont nombre de politiques d'être traités de laxistes (voilà pourquoi on a vu Yannick Jadot, Olivier Faure et Fabien Roussel, aux côtés de Gérald Darmanin, de responsables du RN et d’Eric Zemmour, à la manifestation de policiers devant l’Assemblée nationale le 19 mai 2021). Bien sûr, il y a une responsabilité énorme du pouvoir politique de laisser faire ainsi, dans une sorte d’impuissance par rapport à l’idéologie ultra-sécuritaire, des violences qui blessent et qui éborgnent des manifestants pacifiques, voire des violences sexuelles, de la part de policiers et de gendarmes.
LE ROLE DES INTELLECTUELS
Dans la tradition française, il y a des intellectuels qui s’efforcent de mettre en évidence la pluralité des tendances et les contradictions du réel, qui analysent la situation politique de manière à la fois critique et nuancée. Et puis il y a un second pôle qui est celui de l’emphase rhétorique, adossée à de bonnes intentions mais peu soucieuses de leurs effets sur la réalité, en décalage pourtant avec les nuances propres aux outils qui sont ceux des historiens, des sociologues, des philosophes, etc. Je dis simplement une chose : si Emmanuel Macron, c’est déjà Viktor Orban, ce n’est plus un problème de voir Marine Le Pen arriver au pouvoir.
Car ce que j’appelle le « post-fascisme » de Marine Le Pen - une notion empruntée au philosophe hongrois Gaspar Miklos Tamas -, ce n’est pas Hitler ou Mussolini, mais plutôt justement l’autoritarisme et la xénophobie du régime d’Orban. Faisons attention à ne pas participer à notre propre étouffement.
Le même excès existe tout autant à droite, du reste : des macronistes ont comparé les "casserolades" à du fascisme (« du fascisme à l’état pur », a dit l’ancien secrétaire d’État Benjamin Griveaux sur Twitter le 24 avril 2023). Mais si les casserolades, c'est du fascisme, pour l'électorat de centre droit, pourquoi pas Marine Le Pen ? On est donc dans une logique de banalisation accélérée, et ce dans un contexte où dans les sondages, c’est Marie Le Pen qui bénéficie le plus de la situation de blocage installée par Emmanuel Macron - le premier responsable de tout cela et donc un des principaux facteurs de l’extrême droitisation.
C’est pour cela que mon modèle intellectuel en politique, c'est un Maurice Merleau-Ponty capable de penser les contradictions du réel sur le moment ; ce n’est pas Jean-Paul Sartre. Le pôle de type Sartre prend le risque d’alimenter ce à quoi il veut résister, en étant comme ensorcelé par ses propres mots auxquels il finit par croire.
" ON A BESOIN DE PENSER LES PROBLEMES DANS UN ESPACE GLOBAL, AU LIEU DE LES SEGMENTER EN FONCTION DE SES PREFERENCES IDEOLOGIQUES ET PARTISANES "
Le confusionnisme se propage à droite, dans la macronie et à gauche. Il faut mettre absolument tous les dérèglements en cause.
On a besoin de penser les problèmes dans un espace global, au lieu de les segmenter en fonction de ses préférences idéologiques et partisanes. C’est ce que j’ai essayé de faire dans La grande confusion. Or, nous sommes devenus largement hémiplégiques.
Quand certains pointent à juste titre l'islamophobie, ils ont tendance à oublier le problème de la minoration de l'antisémitisme et celui posé par les islamo-conservatismes. Quand d’autres pointent les dangers portés par les résurgences actuelles de l'antisémitisme comme par la violence djihadiste, ils oublient la question de l'islamophobie. On ne peut pas réagir à la diabolisation de la gauche en diabolisant à notre tour Macron et son gouvernement. Pourquoi est-ce notre adversaire politique qui devrait donner le la ? C'est un autre des gros problèmes de la gauche : elle a perdu son autonomie de problématisation, elle ne construit pas elle-même ses problèmes et ses stratégies. Elle s’est trouvée piégée sur l’islam et sur la sécurité en suivant la problématisation qui lui a été imposée par ses adversaires.
Bref, il me paraît important de bien distinguer les faits qui sont réels, et même inquiétants, et les discours, au niveau de l’extrême droitisation idéologique et du concours que lui apportent les dérèglements confusionnistes. Le sarkozysme a fait des choses comparables au gouvernement actuel : il a tenu un discours périlleux (sur l’islam, sur l’identité nationale, sur l’immigration, sur la sécurité...) mais qui débordait largement ce qui s’est passé dans les faits. On a cru que le macronisme était un renouvellement du centre-gauche ; c’est bien davantage un renouvellement du sarkozysme ! Jusqu’à ajouter, comme Sarkozy en 2010, deux ans à l’âge légal de départ à la retraite, de 60 ans à 62 ans, puis de 62 ans à 64 ans, dans une réforme qui pénalise essentiellement à chaque fois les revenus du Travail par rapport à ceux du Capital.
Notes :
« Impasse de la mélancolie de gauche », par le politiste Philippe Marlière, blog Mediapart, 19 mai 2023, https://blogs.mediapart.fr/philippe-marliere/blog/190523/impasse-de-la-melancolie-de-gauche
« La gauche se perd dans une surenchère verbale antimacroniste qui la rend inaudible. La critique de la politique du gouvernement est aussi légitime que nécessaire. Mais la démonisation du président Macron ou la description de la situation politique en des termes apocalyptiques sont contreproductives. Affirmer que la France de Macron est une dictature, c’est conforter la banalisation du vote Le Pen…. »
Version remaniée d’un article paru dans Le Monde, le 15 mai 2023. https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/05/15/la-surenchere-verbale-antimacroniste-rend-la-gauche-inaudible_6173372_3232.html <accès abonnés>
* « Etats autoritaires et façade démocratique », par Neslihan Çetine (doctorante en droit publique, thèse en cours sur l’État de droit et la protection des droits et libertés fondamentaux en Turquie), site La vie des idées, 30 mai 2023, https://laviedesidees.fr/Etats-autoritaires-et-facade-democratique
« La sauvegarde des apparences démocratiques constitue la pierre angulaire des régimes dits illibéraux. C’est pourquoi il faut prendre garde à ne pas confondre ces deux types d’États, malgré les critiques que l’on peut adresser à nos démocraties…. »
* Deux occasions de débat entre deux points de vue différents à chaque fois sur la question du possible « illibéralisme » du régime politique en France aujourd’hui :
. « La France fonce vers l’autoritarisme et l’illibéralisme », entretien
vidéo entre le philosophe Etienne Balibar et le sociologue Eric Fassin, animé par Soumaya Benaïssa, Blast TV-YouTube, 23 avril 2023, https://www.youtube.com/watch?v=eKAtCVyd2yQ [environ 43 mn]
. « L’antimacronisme divise la gauche en France : débat entre Jean-François Bayart et Philippe Marlière », échange radio animé par Renaud Malik, Radio Télévision Suisse, 20 mai 2023, https://www.rts.ch/audio-podcast/2023/audio/l-antimacronisme-divise-la-gauche-en-france-debat-entre-jean-francois-bayart-et-philippe-marliere-26129813.html [environ 11 mn 40]
* A noter à la pointe du délire rhétorique, la critique manichéenne des médias portée par l’ACRIMED, puisque que le Rassemblement National serait principalement le résultat d’« un matraquage médiatico-sondagier », pas la peine de s’affoler donc, car il suffit de s’en prendre aux journalistes et aux sondeurs pour que le problème s’évapore : « "Le Pen grande gagnante" : un matraquage médiatico-sondagier », par Pauline Perrenot, site d’ACRIMED, 17 mai 2023, https://www.acrimed.org/Le-Pen-grande-gagnante-un-matraquage-mediatico
N.B: le sujet de cet article a fait l'objet d'un papier initial sur le blog de Philippe Corcuff le 4 mai 2023 : https://blogs.mediapart.fr/philippe-corcuff/blog/040523/la-diabolisation-de-macron-comme-contribution-involontaire-l-extreme-droitisation, puis d'un entretien le 9 mai avec Julie Clarini, sur le site de L’Obs : https://www.nouvelobs.com/idees/20230508.OBS73059/philippe-corcuff-dire-que-nous-sommes-deja-en-dictature-c-est-contribuer-a-normaliser-le-rn.html
Philippe Corcuff, sociologue, politiste, enseignant-chercheur, est professeur de science politique à l'Institut d'études politiques de Lyon, en Sciences Sociales à l’Université Paris Descartes et membre du laboratoire CERLIS (Centre de Recherche sur les Liens Sociaux, UMR 8070 du CNRS, Université Paris Descartes et Université Sorbonne Nouvelle).
Co-fondateur, directeur de la collection « Grands débats : Mode d’emploi » des Presses Universitaires de Lyon, après avoir co-dirigé la collection « Petite Encyclopédie Critique » des éditions Textuel (Paris). Il est également membre du Comité Scientifique International de la revue Sciences du Design, éditée par les Presses Universitaires de France.
Co-animateur des universités populaires de Lyon et de Nîmes, Philippe Corcuff est engagé dans l'émergence d’une politique d’émancipation, et a commencé son parcours entre la sociologie critique de Bourdieu et la sociologie pragmatique de Boltanski et Thévenot, avec un « background » marxiste, en explorant les terrains du syndicalisme et de l’action publique. Puis , il s’est orienté vers le domaine des sociologies de l’individu et de l’individualisme en explorant une théorie générale sur la place des individualités dans les sociétés individualistes et capitalistes contemporaines, associant sociologie empirique, relationnalisme méthodologique (en termes de relations sociales), théories sociologiques de l’individualisation moderne et contemporaine dans l’aire occidentale, anthropologies philosophiques (en amont) et philosophie politique (en aval).
Il est attaché au perfectionnisme démocratique, à l’expérimentation et à une démarche pragmatiste permettant de sortir des certitudes idéologiques et des schémas politiques traditionnels.
Philippe Corcuff a été chroniqueur de Charlie Hebdo (avril 2001-décembre 2004).
Il se définit par ailleurs comme engagé dans une gauche d'émancipation, libertaire et mélancolique.
Auteur de nombreux ouvrages et de très nombreux articles, notes critiques et autres communications.
Derniers livres parus :
- Les mots qui fâchent : contre le maccarthysme intellectuel, Philippe Corcuff, Alain Policar et Nonna Mayer (dir.) (Éditions de l'Aube, avril 2022, coll. "Monde en cours" - Essais)
- La Grande Confusion. Comment l’extrême droite gagne la bataille des idées (éd. Textuel, collection "Petite Encyclopédie Critique", mars 2021)
- Les clivages politiques, avec Manuel Boucher, Daniel Boy, Pascal Delwit, Christophe Le Diguol, Pierre Martin, Dominique Reynié, Olivier Rozenberg, Isabelle Sommier et Eric Thiers (Revue Pouvoirs, Seuil, novembre 2021)
- Individualidades, común y utopía. Crítica libertaria del populismo de izquierda, préface de José Luis Moreno Pestaña, traduction et révision en langue espagnole de David J. Domínguez et Mario Domínguez (Madrid, Dado Ediciones, colección "Disonancias", 2020)
- Théories sociologiques contemporaines. France, 1980-2019 (Paris, Armand Colin, collection "Cursus", 2019)
- Spiritualités et engagements dans la cité. Dialogue entre un musulman critique, un agnostique anarchiste, un catholique libertaire et une romancière, avec Jérôme Alexandre, Haoues Seniguer et Isabelle Sorente) (Le Bord de l'eau, 2018).
Derniers articles (2021-22) : "Des enfermements identitaristes à une politique de l’ouverture identitaire en contexte ultraconservateur et confusionniste", Revue du M.A.U.S.S., n° 59, pp. 57-71, 1er semestre 2022; "Le progressisme au défi du conservatisme", revue Pouvoirs. Revue française d’études constitutionnelles et politiques, n° 179 : "Les clivages politiques", pp. 81-89, novembre 2021 ; "Renewing Critical Theory in an Ultra-Conservative Context. Between the Social Sciences, Political Philosophy, and Emancipatory Engagement", Chapter 8 of Daniel Benson (ed.), Domination and Emancipation. Remaking Critique, Lanham (MD), Rowman & Littlefield International, Series "Reinventing Critical Theory", pp. 229-257; “Les séries TV comme nouvelles théories critiques en contexte identitariste et ultraconservateur. American Crime, The Sinner, Sharp Objects, Unorthodox.” TV/Series 19 (2021), DOI : https://doi.org/10.4000/tvseries.5133; URL: http://journals.openedition.org/tvseries/5133.
Dernières contributions pour le PRé :
Écrire commentaire
Dominique Lévèque (mardi, 04 juillet 2023 10:42)
Comme Philippe Corcuff le constate (avec nous) par ailleurs, "La gauche s’est desséchée sur le plan spirituel de la quête du sens et des valeurs de l’existence. Le fatalisme du marché, la professionnalisation politique, la présidentialisation et la technocratisation sont passés par là. Il ne s’agit pas, pourtant, de remettre au cœur de la politique une transcendance sacrée surplombant et écrasant l’espace pluraliste de délibération dessiné par l’imaginaire démocratique moderne face à la contingence historique et à son incertitude relative ... Le défi est plutôt de se reconnecter aux explorations individuelles et coopératives du sens et des valeurs, à la manière du SILENCE - le roman noir de Denis Lehane) et de THE SINNER - la série américaine »