Yves PACCALET, « coureur de grands espaces et de petits bonheurs », comme il se définit lui-même, nous propose une randonnée florale, philosophique, en Occitanie, dans les Corbières, jusqu'au fameux puech (puèg en occitan), pic de Bugarach, au cœur de nombreux mythes et légendes. Il se dit que le puech devrait son nom à Bug et Arach, deux lutins partis implorer Jupiter pour protéger les terres des foudres de Cers, fils d’Éole, maître des vents... La montagne en fleurs est le 'Jardin d’Épicure' d'Yves Paccalet. Il nous invite à la marche pour éprouver le sentiment géographique, la sagesse d'une parenthèse à l'écart des chaos du monde, pour éprouver des sensations physiques, pour vivre tout simplement une expérience de plaisir, de vie et de pensée tout à la fois, qui ménage une disponibilité au dehors, à l'autre, à l'inattendu; une disponibilité extraordinaire au « simple bonheur d'exister sur la planète des fleurs ». La beauté libre, la poésie et la richesse du monde.
Le puech (le "pic") de Bugarach domine le village homonyme, au coeur du pays cathare, dans le massif des Corbières (et l'Aude) dont il constitue le point culminant...
Grimpette raide et rocailleuse : 600 mètres de dénivelée par l'itinéraire du col de Linès, le plus indulgent pour le rythme cardiaque et les mollets...
Cette montagne est devenue fameuse au tournant de l'An 2000, lorsque s'est répandue une double fausse nouvelle épatante :
1. Ce roc sert, depuis longtemps, de base d'atterrissage aux vaisseaux des Extraterrestres...
2. Lorsque viendra la fin du monde, qui ne saurait tarder, les humains réfugiés sur ce promontoire géologique seront épargnés par le désastre...
Au sommet du puech ("pic") de Bugarach,
un Extraterrestre de la catégorie "raplapla" (photo Robert Sa.)
Par conséquent, j'y grimpe, en compagnie de Robert et de Dominique.
Ni les Petits Hommes Verts, ni le cataclysme final ne sont au rendez-vous...
Mais il existe, sur l'éminence ou à son pied, des trésors de vie sauvage qui racontent les légendes locales avec leurs lettres de couleurs, je veux dire : leurs merveilleux pétales.
Je découvre trois de ces beaux bavards :
1. Le tout petit mais sublime narcisse d'Asso, d'un jaune solaire et à la dimension de l'insecte.
2. A la base du puech, le rarissime ophrys speculum (ou ciliata), dont Robert et Dominique dénichent deux pieds fleuris.
3. La magique fritillaire des Pyrénées, dite aussi "noire", dont la corolle rouge, orange et charbonneuse évoque un athanor d'alchimiste, en accord avec la présence des Extraterrestres et l'imminence du cataclysme ultime !
Naturaliste et journaliste, écrivain, polémiste, scénariste, marcheur philosophe et photographe, Yves Paccalet a collaboré à plusieurs titres de presse dont Terre sauvage, Géo Magazine, au Nouvel Observateur, Figaro Magazine, etc. Il a également été chroniqueur à Europe 1 et a créé des documentaires pour la télévision. Auteur ou coauteur d’une multitude de livres - y compris de BD - dont de nombreux avec le commandant Cousteau, fameux océanographe, explorateur et lanceur d’alerte sur l’état des océans (dont il sera le collaborateur de 1972 à 1990), et autres articles sur la nature et les animaux, parmi lesquels Le Destin du Nil, en collaboration avec Jacques-Yves Cousteau (Flammarion, 1982) ; L’Odeur du soleil dans l’herbe - Journal de nature (Robert Laffont, 1992) ; Le Bonheur en marchant (Jean-Claude Lattès, 2000) ; Mes plus belles balades en France (Jean-Claude Lattès, 2001) ; La Vie secrète des requins (L'Archipel, 2002) ; Le Bonheur sous la mer, avec Sophie de Wilde, photographe (Le Chêne, 2002); Soigner l'homme, soigner la Terre, en collaboration avec le Dr Michel Chast (Jean-Claude Lattès, 2003) ; ou encore le Dictionnaire énervé de l'écologie, les Mots pour le pire (L'Opportun, collection Petit dictionnaire énervé, 2010)…
Militant écologiste, défenseur depuis toujours de la diversité des écosystèmes, de la « diversité de la vie » et d'une croissance responsable, Yves Paccalet devient président de la section française de Green Cross (de 2006 à 2008), réseau d’organisations non gouvernementales (ONG) de plaidoyer et de projets créé par Mikhaïl Gorbatchev en 1993 dans la continuité du Sommet de la Terre à Rio (1992).
Il signe en 2006 un pamphlet décapant, pour ne pas dire acide, au verbe enlevé, flirtant par instants avec l’humour noir : L'Humanité disparaîtra, bon débarras ! (chez Arthaud) qui sera mise en scène pour le théâtre. Un « livre coup de gueule » comme il l’a présenté lui-même, qui traduit dans le même temps la désillusion d’un militant écologiste formé à la philosophie à l'École normale supérieure de Saint-Cloud, qui ne veut plus faire semblant de croire avec certitude dans l’avenir des terriens. Avec Le Grand Roman de la vie, paru en 2009 (chez Jean-Claude Lattès), c'est aux origines de la vie sur terre que cet éveilleur de conscience depuis plus de 40 ans, qui ne cesse d’en appeler à une solidarité globale, à l’arrêt de la dilapidation des ressources de la planète, qui promeut l’art de la frugalité et le partage des richesses, s'intéresse, une manière de mettre en perspective les (immenses) enjeux de son engagement pour la planète Terre.
En 2010, il saute le pas, entend mettre en pratique l’agir local et le penser global, et décide de se frotter aux rugosités du réel et du mandat local en se présentant sur une liste EELV (Europe Ecologie - Les Verts) dont il deviendra la tête de liste. Il sera élu conseiller régional en Savoie. Il quitte EELV en 2013.
En 2014, le naturaliste, qui n’aura eu de cesse d’œuvrer pour un « réalisme poétique » publie Éloge des mangeurs d’hommes - Loups, ours, requins... sauvons-les ! (Arthaud, 2014), un nouvel essai, sans concessions, qui établit clairement combien l’espèce humaine menace l’équilibre naturel.
Prix Jacques-Lacroix 2003 de l'Académie française pour Le Bonheur sous la mer.
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