La Revue de presse de Stéphanie Mesnier-Angeli
Pas une semaine que le gouvernement est nommé, et déjà...
1)Le Nouveau Front Populaire déposera une motion de censure contre le gouvernement en fin de semaine prochaine (elle ne pourrait être adoptée qu'avec les voix du RN, le NFP n'étant pas majoritaire). La CGT appelle à la grève "massive", le 1er octobre.
2)"Cerné de lignes rouges", Michel Barnier a déjà dû "recadrer" plusieurs de ses ministres (Économie, Justice, Intérieur), et rappeler à tous de "respecter leurs concitoyens et tous les partis représentés à l'Assemblée" (l'Opinion).
Alors que la mort de la jeune Philippine aurait dû susciter compassion et solidarité, gauche et droite s'affrontent, l'une (qui montrait moins de scrupules lors de l'affaire Nahel) accusant l'autre de "récupération". Un peu de décence, c'est trop demander ?
Florent Boudier, président de la commission des lois à l'Assemblée (EPR), pointe dans l'Opinion "la faute du juge judiciaire (qui) disposait de la possibilité de prolonger la rétention du meurtrier présumé jusqu'à 90 jours et même jusqu'à 105 jours. Un autre choix a été fait, (alors) qu’un laissez-passer consulaire pouvait être délivré par le Maroc à court terme".
Selon un sondage OpinionWay/Le Parisien, 62% des Français pensent que "la justice entrave le travail de la police" et 87% qu’elle ne "sanctionne pas suffisamment" les coupables.
Le déficit public de la France pourrait être de "6,2% cette année" (France 5). En 2025, la France va devoir emprunter sur les marchés 315Mds€, soit le double d'il y a 10 ans. Or le taux d'emprunt de la France dépasse désormais celui de l'Espagne, et même de la Grèce ! Du jamais vu depuis les années 1980.
Dans Libé, l'économiste Antoine Levy (prof à Berkley) explique que "taxer les riches est un refrain plaisant, mais pas suffisant. La réduction des déficits passera en quasi-totalité par une réduction drastique des dépenses. Des choix difficiles, qui devraient occuper le débat politique (...) Mais il faudra aussi repenser notre système fiscal, et basculer l’impôt du travail vers le foncier".
Dans Le Figaro et le Financial Times, des chercheurs américains remettent en cause les travaux de Piketty, "le pape de la gauche radicale", sur "l'explosion des inégalités". En résumé, contrairement à ce que prétend Piketty (qui a laissé de côté certains critères), "après redistribution des richesses, les 1% les plus riches conservent la même part des revenus depuis les années 1960".
Poutine a donc annoncé un "changement de la doctrine nucléaire russe". Trois points à retenir :
1)Toute attaque contre la Biélorussie sera considérée comme une attaque contre la Russie.
2)L’attaque d’un État non nucléaire contre la Russie avec le soutien d’une puissance nucléaire pourra entraîner une réponse contre cet État nucléaire.
3)Une attaque aérienne massive contre la Russie pourra provoquer une réponse nucléaire.
Poutine s'adresse aux opinions occidentales dont les gouvernements, à son grand dépit, continuent de soutenir l'Ukraine. Il connait la "sensibilité" des populations de l'Ouest et joue sur la peur. Pour les experts, ce changement de doctrine traduit surtout la phobie absolue qu'a Poutine d'un "vrai" conflit avec l'OTAN. Faute de pouvoir faire reculer l'Alliance, il vise les opinions et utilise la rhétorique nucléaire pour "sanctuariser son agression" (Le Monde).
En meeting à Savannah, Trump a fait l'apologie de "la grande Russie invincible". Pour lui, "l'Ukraine est perdue" et Zelinsky, "un pauvre type". S'il est élu, il coupera l'aide à l'Ukraine ("trop coûteuse pour les Américains") et concluera un accord avec Poutine, "quelles que soient les exigences" de ce dernier. Car "la paix est préférable à la guerre". Trump a d'abord refusé de rencontrer le président ukrainien avant de se raviser. Zelinsky se trouve à Washington pour présenter son "plan de paix" à Biden, et réclamer, une fois encore, le droit d'utiliser les missiles occidentaux pour frapper les cibles militaires en Russie (cbnews).
Trump réélu à la Maison Blanche, c'est l'Ukraine promise à la reddition et amputée d'une part de sa souveraineté, tandis que la sphère d'influence russe continuera de s'étendre en Europe centrale (Moldavie, Hongrie, Slovaquie, Serbie). C'est aussi l'Europe, trop faible, exclue des discussions entre Trump et Poutine (Washington Post, APNews, Axios).
Selon les sondages, les arguments de Trump, surtout financiers, ont du poids chez les électeurs. Et, entre lui et Harris, les sondages sont si serrés qu'il serait imprudent d'avancer un pronostic.
En Bref : Glucksmann lorgne la présidentielle de 2027 (c'est rarement l'ambition qui fait défaut, mais le courage) - Le Haut Conseil au financement de la protection sociale estime la fraude sociale à 13Mds€ par an - Les anneaux olympiques ont été retirés de la tour Eiffel - Un collège marseillais visé par des tirs (87 impacts) a rouvert sous protection policière après 3 jours de suspension - Le député LFI Antoine Léaument, a accusé son collègue RN Julien Odoul d'arborer une veste au logo "HH" pour "Heil Hitler". Or la marque Helly Hansen a été créée en 1877, bien avant la naissance de Hitler. Comme l'a avoué son ami Delogu sur une chaîne Youtube : "Je ne suis pas si zinstruit (sic) que tout le monde peut le penser"... - Mediapart a désigné Sabrina Kassa pour occuper un nouveau poste, celui de "responsable éditoriale aux questions raciales". Une formule nauséabonde qui trahit, au mieux, un manque de culture historique - Décès de Jean Chelini (93 ans), grand médiéviste, spécialiste d'histoire religieuse, et qui a marqué plusieurs générations d'étudiants - La raclette a 450 ans et Français et Suisses s'en disputent la paternité - Avec les premiers frimas, c'est le grand retour des nez qui coulent et des éternuements. Soyez prudents...
Quatre ans que Stevie WONDER n'avait pas sorti de nouvelle chanson. Et ce Can We Fix Our Nation's Broken Heart est une bien belle prière.
« Nous nous sommes rassemblés dans un but bien plus grand que vous et moi/Nous n’avons pas de temps à perdre avec la haine et la négativité/C’est vous et moi, nous détenons la clé/Dites-moi s’il vous plaît, pouvons-nous réparer le cœur brisé de notre nation ? »
Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste, écrivain et romancière.
Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015), Les Micros du Canard - avec Claude Angeli - (Editions Les Arènes, 2014).
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