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LUNDI 7 OCTOBRE, UN AN APRES, par Stéphanie Mesnier-Angeli, journaliste et écrivain


La Revue de presse de Stéphanie Mesnier-Angeli


    « Un an après l'horreur, l'émotion, la peur » (Le Figaro). « Un an de souffrances » (La Croix). « Israël reste hanté par la monstrueuse attaque du Hamas, qui a fait 1.200 morts et 251 otages », écrit Le Parisien.

À l'échelle de la population française, l'équivalent de 8.500 morts (les attentats du 13 novembre 2015 à Paris en ont fait 130). Aujourd'hui, 64 otages sont « présumés vivants », parmi lesquels deux Français. Connaissez-vous leurs noms ? Ohad Yahalomi et Ofer Kalderon.

 

   Le carnage du Hamas a bouleversé pour longtemps la société israélienne, et toute la région. « En poussant Israël à des représailles, le Hamas a choisi cyniquement de transformer Gaza en tas de ruines. Ses habitants sont privés de tout espoir d'échapper à leur destin maudit »(Tribune de Genève). Le Proche-Orient est « une poudrière »(CNN) et « marche vers l'embrasement » (Le Figaro).

Mais l'Opinion et Les Échos tempèrent ce tableau et soulignent les échecs du Hamas : L'espoir des terroristes de déclencher une guerre générale en entraînant les pays arabes dans une guerre totale avec Israël est un fiasco. À preuve, ces pays s'impliquent le moins possible. Ni la Turquie, ni l'Égypte, ni la Jordanie n'ont rompu leurs relations avec Israël, et l'Arabie saoudite soutient en douce Netanyahou. Même les Palestiniens de Cisjordanie ne se sont pas soulevés après le 7 octobre, « en dépit des provocations des colons juifs » » La société israélienne, quoique divisée, notamment sur la question des otages, est restée unie. Le Hezbollah est affaibli comme jamais, et, depuis Téhéran, l'ayatollah Khameini a beau rugir : « Israël n'en a plus pour longtemps », le régime des mollahs s'attend à une sévère riposte d'Israël après les 200 missiles balancés sur Tel-Aviv la semaine dernière.

 

   Mais un an de guerre à Gaza a dégradé l'image d'Israël. En Europe et aux USA, les gauches radicales, en ont fait un État « génocidaire » et l'incarnation du colonialisme. Israël est diabolisé, ce qui renforce à Tel-Aviv l'idée biblique que les juifs seront toujours seuls ("Am Levado Ishkon") et qu'ils ne doivent écouter aucun conseil quand il s'agit de leur sécurité.

Les discours de haine sont désinhibés. « Le témoin maléfique de l'antisémitisme est passé du RN à LFI », écrit Le Figaro. Sous couvert d'antisionisme, « l'antisémitisme siège à l'Assemblée avec les Insoumis ». Accuser Israël de « génocide », faire des massacreurs et des éventreurs des « résistants », et de tous les juifs des « coupables », interdire d'entrée les étudiants juifs à Sciences Po ou dans certains amphis d'universités, voilà où en est la France, « pays du capitaine Dreyfus » (Figaro). Toutes les enquêtes le montrent : un nombre important de « jeunes Français, et particulièrement ceux de confession ou de culture musulmane ont des préjugés antisémites » (Fondapol).

« Mélenchon a réussi à imposer à la gauche sa ligne sur le conflit entre Israël et le Hamas »(Le Figaro). Au point que son appel à « mettre des drapeaux palestiniens partout » n'a suscité aucune réaction chez ses alliés. La cause palestinienne est un bon levier pour mobiliser les quartiers populaires et les musulmans, des « viviers d'abstentionnistes » qui pourraient faire la différence en 2027. Et face à une menace de nouvelle dissolution en 2025, Verts et socialistes se taisent, et avalent la potion des Insoumis.

 

   La voix de la France au Proche-Orient est-elle encore audible ? Au lendemain du 7 octobre, Macron réclamait « une coalition internationale contre le Hamas ». Aujourd'hui, il appelle à ne plus livrer d'armes à Israël. « Ses positions déçoivent ou, a minima, sont difficiles à interpréter », constate sobrement Le Télégramme. À la veille du 1er anniversaire des massacres, cette sortie du président français a provoqué une mini-crise diplomatique avec Israël. « C’est peut-être le maître des horloges, mais il a perdu le sens du timing », le tacle un conseiller ministériel dans Politico. Ne pouvait-il nous épargner ce « malaise », d'autant que la France ne livre quasiment aucune arme à Israël (qui préfère acheter américain). En revanche, le Qatar est le 3e meilleur client de la France. Et justement, Jean-Noël Barrot, le ministre des Affaires étrangères, se trouvait à Doha, samedi. Le richissime émirat du Qatar, qui abrite plusieurs leaders du Hamas et finance l'organisation terroriste, a salué la position française (Le Monde).

Colère noire de Netanyahou, à la télévision : « Israël gagnera avec ou sans vous. Votre honte perdurera longtemps après notre victoire ». Dans la soirée, Macron a dit au PM israélien « l'amitié indéfectible » de la France...

 

   Le Président israélien Herzog l'a assuré : « Nous n'abandonnons pas le désir de paix avec nos voisins » Mais la paix, quand, comment ? La guerre pourrait durer encore « des années », écrit Haaretz« Aucun espoir en vue » (Arab News). La « solution à deux États » a pris du plomb dans l'aile, le 7 octobre. Le Hamas ne reconnait pas Israël, l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas est trop faible et trop peu légitime pour être un partenaire fiable, et la Knesset s'est opposée cet été, « à une écrasante majorité », à la création d'un État palestinien (RFI).

 

   En Bref : Macron reçoit aujourd'hui les familles des otages franco-israéliens à l’Élysée. Michel Barnier et plusieurs ministres assisteront à l’hommage organisé par le Crif ce soir - La gauche déposera demain sa (première) motion de censure, qui ne peut être adoptée sans les voix du RN - Découverte d'un nouveau mot dans Le Monde : le « narchomicide » pour parler d'u meurtre d'un ado de 15 ans par un autre de 14 ans, à Marseille, lié au narcotrafic - À Marseille, 60% des personnes mises en examen pour assassinat ou tentative d'assassinat sont âgées de 14 à 21 ans (BFM) - À la Une de Paris-Match, Philippe de Villiers l'avoue : « Je suis un sonneur d'alarme ». Une cloche, donc - Gérald Darmanin veut mettre fin aux 35 heures dans le privé - L'ouragan Kirk, qui va se transformer en tempête tropicale, touchera la France dès jeudi. Accrochez-vous à vos parapluies...

Besoin de réconfort ? Un ami, une épaule ? Louis Chedid est là.

https://www.youtube.com/watch?v=QQy4biRB9PA


 

 

Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste, écrivain et romancière.

Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat  (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015), Les Micros du Canard - avec Claude Angeli - (Editions Les Arènes, 2014).

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