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J'AI DIT A MON COEUR, par Alfred de Musset / Timothy Adès


LE POST POETIQUE DOMINICAL DE TIMOTHY ADES


Notre ami  britannique Timothy Adès en panne d'ordinateur a trouvé  - à grand-peine - le moyen de nous livrer son poème.

Qu'il en soit infiniment remercié. Aujourd'hui, il nous offre "J'ai dit à mon cœur", un poème d'Alfred de Musset, tiré du recueil Premières poésies (1829).


© RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Franck Raux

J'ai dit à mon cœur, à mon faible cœur :

N'est-ce point assez d'aimer sa maîtresse ?

Et ne vois-tu pas que changer sans cesse,

C'est perdre en désirs le temps du bonheur ?

 

Il m'a répondu : Ce n'est point assez,

Ce n'est point assez d'aimer sa maîtresse ;

Et ne vois-tu pas que changer sans cesse

Nous rend doux et chers les plaisirs passés ?

 

J'ai dit à mon cœur, à mon faible cœur :

N'est-ce point assez de tant de tristesse ?

Et ne vois-tu pas que changer sans cesse,

C'est à chaque pas trouver la douleur ?

 

Il m'a répondu : Ce n'est point assez,

Ce n'est point assez de tant de tristesse ;

Et ne vois-tu pas que changer sans cesse

Nous rend doux et chers les chagrins passés ?

 

I said to my heart, my heart so weak,

Is it not enough to love one’s mistress,

And do you not see, when change is ceaseless,

We lose in yearning the bliss we seek ?

 

It is not enough,’ said my heart so weak,

It is not enough to love one’s mistress,

And do you not see, when change is ceaseless,

Past joys are made sweeter and mild and meek ?

 

I said to my heart, my heart so weak,

Is it not enough to have so much sadness,

And do you not see, when change is ceaseless,

Our sorrow is new, every day of the week? 

 

It is not enough,’ said my heart so weak,

It is not enough to have so much sadness,

And do you not see, when change is ceaseless,

Past griefs are made sweeter and mild and meek.



Timothy Adès est un poète traducteur britannique, spécialiste de la versification, des rimes et des mètres, en français, espagnol, allemand et grec. Fin connaisseur, entre autres, de Victor Hugo, Robert Desnos, Jean Cassou, Guillaume Apollinaire, Georges Pérec, Gérard de Nerval, Louise Labé, également de Federico García LorcaAlberto Arvelo Torrealba, Alfonso Reyes, de Bertold Brecht, Hermann Hesse, Heinrich Heine et d'Angelos Sikelianos.

Il a réécrit les Sonnets de Shakespeare en évitant la lettre e et a écrit une longue poésie n’utilisant aucune voyelle, sauf le e. "Ambassadeur" de la culture et de la littérature française, il est le premier à avoir traduit les  "Chantefables"  et les "Rrose Sélavy" de Robert Desnos en anglais.

Membre de la Royal Society of Literature, administrateur de la revue "Agenda Poetry" (fondée en 1959 par Ezra Pound et William Cookson) et membre de son comité de rédactionLauréat  entre autres des Prix John Dryden et TLS Premio Valle-Inclán.

Timothy Adès est membre du conseil scientifique du PRé, co-animateur de la rubrique "Tutti Frutti " (chroniques et rendez-vous culturels, poétiques, éco-gastrosophiques, pour « cueillir le jour » au sens du fameux carpe diem emprunté au poète latin Horace. Publiés généralement le week-end).

Derniers ouvrages parus :  "Ringelnatz the Rhymer " , édition bilingue allemand-anglais (The High Window, 4 août 2024; Morgenstern's Magic", édition bilingue allemand/anglais des poèmes de Christian Morgenstern (1871-1914) (The High Window, 4 février 2024; "Alfonso Reyes, Miracle of Mexico(Shearsman Books, 2019), édition bilingue espagnol/anglais; "Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant" (Arc Publications, 2017), édition bilingue français/anglais, 527 pages, les poèmes de Desnos avec les versions de Timothy Adès.

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