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MAIS APRES ? Par Stéphanie Mesnier-Angeli, journaliste et romancière

   Yahya Sinwar, chef du Hamas, cerveau du pogrom du 7 octobre et responsable de la capture de 250 otages, n'est plus. « La fin d'un chef sanguinaire », titre Libé. Américains et Européens disent leur soulagement, et certains espèrent un « jour d'après » à Gaza (El País). Mais Netanyahou annonce que « la guerre n'est pas terminée (car) le terroriste a payé, mais il reste des otages à libérer »(Domani). « N’en déplaise aux diplomates, il n’y a pas aujourd’hui de solutions politiques crédibles au Proche-Orient. C’est donc la force des armes qui s’impose. Sinwar en était partisan. Il vient d’en payer le prix. Ce n’est que justice », écrit Jean-Do Merchet dans l'Opinion.

Le chef palestinien, qui se cachait dans les tunnels de Gaza, n'est pas mort lors d'une opération spéciale. Il est tombé, « presque par hasard », sur une patrouille de Tsahal. « Preuve que Netanyahou avait raison de maintenir la présence de ses troupes au sol, malgré les pressions de la communauté occidentale », estime Le Figaro. Sinwar a plongé les Gazaouis dans la guerre sans merci que livre Israël. Il se fichait complètement de ses compatriotes, qu'il était prêt à « sacrifier pour que triomphe sa vision millénariste d’une Palestine islamiste » (l'Opinion).

Ainsi, après Ismaël Haniyeh (chef du Hamas) et Mohammed Deïf (branche armée du Hamas) en juillet, Hassan Nasrallah (chef du Hezbollah) en septembre, Yahya Sinwar, hier, et nombre de sous-chefs terroristes, les Israéliens éliminent méthodiquement leurs ennemis. Mais après ? Quelles suites politiques à ses éclatantes victoires militaires ?...

 

   Les Russes sont à l'offensive depuis des mois, et « l'Ukraine est en train de perdre (...) Zelinsky frappe à la porte de l'Otan, mais personne ne répond » (Le Figaro). L'Amérique se réengage au Proche-Orient, mais se désintéresse du dossier ukrainien qu'elle aimerait bien refiler aux Européens, qui s'en détournent aussi. L'Allemand Olaf Scholz s'est dit « prêt à discuter avec Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre » (Die Welt). Il appelle ça « intensifier les efforts de paix ». En Ukraine, « amertume et frustration contre les Occidentaux vont croissant »(La Croix). Les armes n'arrivent qu'au compte-gouttes, le Congrès US a mis 5 mois à voter son dernier plan d'aide, Berlin annonce qu'il va diviser ses aides par deux, les Ukrainiens n'ont pas obtenu l'autorisation de frapper en Russie des cibles militaires avec des armes occidentales...

Les troupes de Poutine avancent doucement, mais inexorablement. Plusieurs médias annoncent l'arrivée de renforts nord-coréens. « Une source inespérée de chair à canon ». Ces soldats, ingénieurs, ou simples ouvriers, sont envoyés sur le front comme dans les usines, à l'arrière, pour faire tourner la machine de guerre (RFI).

Mais Poutine mène aussi sa guerre contre l'Occident sur d'autres fronts. Selon le chef du MI5 britannique, la Russie prépare « un plan révolutionnaire de sabotages, incendies criminels et assassinats ». Poutine veut « générer le chaos dans les rues britanniques et européennes », a déclaré Ken McCallum (The Economist). Dimanche, en Moldavie (pays voisin de l'Ukraine), se tiendront une élection présidentielle et un référendum sur l'adhésion à l'UE. « Un scrutin crucial menacé par des ingérences russes » (La Croix).

La Russie fournit aussi des armes au Houthis rebelles du Yémen qui, en mer Rouge, attaquent les navires « en solidarité avec les Palestiniens »(CNN). Une directrice de la CIA renchérit : « Poutine veut nous frapper partout » : en Europe, au Proche-Orient, en Afrique... Tous les moyens sont bons : cyberattaques, désinformation, manipulations, opérations spéciales... « Le but est de faire pression sur l'Otan sans provoquer de guerre ». Poutine, convaincu que « l'Occident est un édifice pourri », ne se gênera pas pour aller de plus en plus loin dans les années qui viennent (The Economist)

 

   Sacrilège ! À l'heure où le gouvernement Meloni veut voir la cuisine italienne inscrite au patrimoine immatériel de l'Unesco, Les Échos mettent les pieds dans le plat de carbonara : « La gastronomie italienne est-elle une supercherie ? » Mamma Mia ! « La cuisine italienne n'existe pas », affirme l'historien Alberto Grandi, qui dézingue le mythe des grands classiques, façonnés en réalité par « des migrants italiens partis aux États-Unis ». Il serait donc « plus juste de parler de cuisine italo-américaine ». Pour Grandi, les plats italiens sont « Denominazione di Origine Inventata (DOI) », c'est-à-dire, d'« appellation d'origine inventée » (le titre de son livre). Voici deux exemples :

1)La pizza. « La plupart des Italiens n’en avaient jamais entendu parler avant les années 1950 ». La 1ère pizzeria a ouvert en 1911, à New York. Et lorsque les soldats américains ont débarqué en Italie, en 1943,ils se sont étonnés de n'en trouver aucune sur place.

2)La carbonara n'est pas un antique plat romain, il est né à la fin de la Seconde guerre mondiale. « Ce sont les GI's qui apportent le bacon et ont l'idée de l'associer aux œufs et aux pâtes. » La 1ère recette de carbonara n’apparaît ainsi qu’en 1952, à Chicago et le guanciale n'a remplacé le bacon que dans les années 1990.

Et je ne vous parle pas du parmesan, du panettone ou du tiramisu, j'ai perdu l'appétit !

 

   En Bref : Le Qatar organise un référendum pour abolir le droit de vote. Des élections ont eu lieu pour la 1ère fois en 2021, mais l'expérience n'a pas été jugée « probante » (Courrier International) - Selon un sondage Odoxa, 71% des Français appuient le projet Retailleau sur l'immigration - Le préfet de la Martinique a signé un accord avec la grande distribution pour faire baisser les prix des « 6.000 produits alimentaires importés les plus consommés »- En Nouvelle-Calédonie, l'État va financer à 100% la reconstruction des établissements scolaires et à 70% celle des autres bâtiments publics détruits pendant les émeutes - Déluge, inondations, désolation... Aucune région française n'est épargnée par les fortes pluies. Plein de courage à ceux qui ont les pieds dans l'eau ! - Rosine m'a posé une colle hier : pourquoi les biscuits secs deviennent mous et les mous deviennent secs ? J'ai répondu que c'était pour qu'on les mange plus vite. En particulier les cantucci aux amandes...

Je reste en Italie. Avec Dimartino et Francesco Bianconi

https://www.youtube.com/watch?v=o3Iz7qMifEI...


 

 

Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste, écrivain et romancière.

Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat  (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015), Les Micros du Canard - avec Claude Angeli - (Editions Les Arènes, 2014).

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