Les Français aiment la politique, mais les politiques font tout pour les en dégoûter. Selon un sondage Odoxa publié par Le Figaro, 82% ressentent de la « défiance » vis-à-vis des partis, le fossé se creuse avec leurs élus et la crise politique s'est « amplifiée à la faveur de la dissolution ». Le paysage politique est devenu « illisible », personne n'est content.
Comment en irait-il autrement ? s'interroge la presse ce matin.
Macron a plongé le pays dans un « chaos inédit », les Français votent, mais ne se sentent pas entendus, l'Assemblée est une annexe du Jamel Comedy Club. Un député qui achète de la drogue à un mineur de 14 ans reçoit le soutien moral de presque toute la gauche, « un ancien président de la Cour des comptes, hier plus austère qu'un vendredi de carême, se montre gourmand comme un Mardi gras une fois devenu garde des Sceaux ». Quant au Premier ministre, de droite, il n'a d'autre idée que d'augmenter massivement les impôts (Le Figaro).
Marre d'être représenté par des andouilles, incultes et irresponsables ? Hier, le député Aymeric Caron a proposé de doubler le crédit d'impôt des propriétaires de chats et de chiens (coût : 8Mds€). Son collègue Frédéric Maillot a demandé qu'on ne dise plus « travail au noir » ou « liste noire » parce que « c'est raciste ». Sandrine Rousseau, qui a ruiné la carrière politique de Julien Bayou en bafouant la présomption, a été élue présidente de la commission d'enquête sur les violences sexuelles dans le cinéma. Et l'ineffable Hadrien Clouet (LFI), qui veut légaliser le chemsex, réclame « l'interdiction du sucre, car le sucre tue »...
Le gouvernement, lui, parie sur le fait que le RN et le NFP ne s'associeront pas avant Noël pour une motion de censure. Car cela « plongerait les Français dans un état d'anxiété profond et mettrait l'économie à l'arrêt ». Les Français veulent manger leur dinde de Noël et leurs Mon Chéri l'esprit tranquille, assure Le Parisien.
De son côté, Macron « ne compte pas se laisser enterrer vivant » et veut d'exister. Il parle ainsi de Barnier : « Le mec s'autoconvainc qu'il est la réparation de l'histoire » (l'Opinion). Barnier est accusé d'être « le fossoyeur en chef du macronisme » et, Macron enrage de voir sa politique détricotée sous ses yeux. « L'héritage s'écroule comme un château de cartes », constate un proche du Président.
Les Échos, eux, s'inquiètent de la détérioration du climat des affaires. Les chefs d'entreprise dépriment, l'irresponsabilité politique crée du stress et « la colère menace ». L'économie française pourrait entrer en récession. Une cata.
Exemple concret de l'insoutenable légèreté de nos politiques dans l'Opinion : « le saccage de la filière noisette ». À la manœuvre, Ségolène Royal et Barbara Pompili, qui ont imposé par la loi en 2016 l'abandon du seul produit phytosanitaire capable de lutter contre des punaises diaboliques (les balanins), fatales à nos noisettes. Le produit est autorisé ailleurs en Europe, et inutile d'être grand clerc pour deviner la suite : une production nationale divisée par deux, des importations qui flambent, des faillites. Le marché français est inondé de noisettes turques, arrosées de 244 pesticides, dont 177 substances interdites chez nous. Le même schéma catastrophique avait déjà eu lieu pour la moutarde, il s'est répété ensuite pour la betterave, les carottes, les cerises...
Macron a déclenché hier une nouvelle crise avec Israël. En accusant Netanyahou de « semer la barbarie », il a renvoyé dos à dos la barbarie du Hamas et la riposte militaire d'Israël aux massacres du 7 octobre. Oubliant peut-être les 47 Français assassinés par les terroristes palestiniens et les otages dont on espère qu'ils sont vivants. Le Président a aussi vanté le « vivre ensemble » du Liban, et promis que la France versera 100Mds€ d'aide sur les 420M recherchés (où les prendra-t-il ?).
Ritchy Tibault, assistant de la députée LFI Ersilia Soudais, est interdit d'entrée à l'Assemblée. Il est poursuivi pour avoir menacé de mort le président de la République, a fait l'objet d'un signalement après avoir appelé à l'Intifada dans Paris, et Bruno Retailleau le poursuit pour « injures publiques », car il a traité les policiers d'« enfants de Pétain » (France Info). Soudais se dit « très choquée ». Pas par les agissements de son collaborateur, vous vous en doutez.
Antonio Guterres, qui a refusé l'invitation de Zelinsky à la conférence pour la Paix, s'est incliné en Russie devant Poutine. Mais c'est à peine si les dirigeants des BRICS se sont montrés polis. Le patron de l'ONU s'est pris « une volée de bois vert » de la part du chef de la diplomatie iranienne qui lui a reproché de ne pas en faire assez pour Gaza. Telles deux blanches colombes, l'Indien Modi et le Chinois Xi ont juré concentrer leurs efforts pour « rétablir la paix ». Une paix « juste », une paix « stable »... (Le Figaro, RFI). Ne manquait que le pape.
En Bref : Dans le nord de Gaza, la situation s'aggrave encore. Les civils se disent « terrifiés », les familles sont séparées, l'ONU décrit une « catastrophe humanitaire » (RFI) - En Turquie, Erdogan continue de réprimer violemment les Kurdes, et bombarde les civils dans le nord de la Syrie, mais le monde reste silencieux (L'Humanité). Ni appel au cessez-le-feu, ni réunion à l'ONU, ni manifestations - À Marseille, des grands magasins mettent les tablettes de chocolat sous antivol - Grenoble a plongé dans l'ultra-violence et la drogue. Éric Piolle, le maire, est sommé de s'expliquer (Le Dauphiné) - L'amour ouf, réalisé par Gilles Lellouche, a dépassé le million d'entrées en une semaine - L'idée d'une taxe sur les livres d'occasion est de nouveau dans les tuyaux - Ardisson va toucher 2,8M€ de dommages et intérêts de C8 - Le producteur Jean-Marc Dumontet a racheté la salle Gaveau et compte y « apporter de la modernité » - Sur Disney+, Road Diary est un documentaire qui s'intéresse aux musiciens qui accompagnent Bruce Springsteen depuis plus de 50 ans - Le Boss, oui, mais l'élu de mon cœur, c'est Bryan Ferry. À l'occasion de ses 50 ans de musique et de la sortie d'une anthologie, Le Figaro lui accorde une pleine page, où il dit notamment sa fascination pour Charlie Parker, et sa passion pour les artistes du Bloomsbury Group.
Bryan Ferry, Smoke Gets in Your Eyes au LSO St. Luke's, Londres, Angleterre — 10 février 2007
Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste, écrivain et romancière.
Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015), Les Micros du Canard - avec Claude Angeli - (Editions Les Arènes, 2014)
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