Au fil des ans, à force de compromissions, de lâchetés et de manque de vigilance, la démocratie constitutionnelle et libérale se meurt. Y compris dans les urnes.
Dernier exemple en date : la "victoire" aux législatives en Géorgie de Rêve géorgien, le parti de gauche attrape-tout pro-russe. Les observateurs internationaux confirment une fraude massive : achats de votes, bourrages d'urnes, pressions, intimidations, menaces (La Croix). La présidente Zourabichvili, refuse de reconnaitre le résultat du scrutin et appelle à l'aide. Que fera l'Union européenne ? Et la France ?
Le premier à se précipiter en Géorgie pour soutenir le pouvoir pro-Poutine est sans surprise le dirigeant hongrois Viktor Orban (RFI).
Après une semaine de « furie fiscale » (Le Parisien) à multiplier les impôts, les députés se sont révélés incapables de voter le volet recettes du budget. « En France, l'approche en matière de finances publiques est plus idéologique que rationnelle » et pendant que nos députés s'empaillent et délirent, les finances publiques continuent leur dérive, la dette est une « bombe à retardement » (Le Figaro). Les Échos annoncent un « tour de vis sur les arrêts maladie des fonctionnaires et fin du maintien de la rémunération sur les 3 premiers jours d'arrêt ».
Dans Le Figaro, Philippe Nemo (philosophe et historien des idées politiques) revient sur les « origines philosophiques de l'impôt » et donne matière à débat. Il distingue:
1)« L’impôt libéral », qui fait contribuer les citoyens aux dépenses légitimes de l’État : fonctions régaliennes (police, justice, diplomatie, défense, administration), fourniture de certains biens et services (infrastructures de transport et de communication, certaines dépenses de santé et d’éducation, les garanties sociales de base). « C’est un impôt juste, car celui qui le paie reçoit en échange un service réel. Cet impôt fait donc consensus ».
2)« L’impôt socialiste », qui corrige les inégalités sociales. « Comme il a pour horizon l’égalité, il n’a pas de limite ». Il se décline en « tranches toujours plus confiscatoires, impôts sur le capital, sur l’héritage, taxations exceptionnelles », etc. Et « l'on ne donne rien à celui sur qui on le prélève ».
(Petit insert personnel : instiller un peu de justice sociale est aussi la garantie pour les très riches de ne pas avoir trop souvent leur tête au bout d'une pique).
Ces deux philosophies de l'impôt reflètent « deux visions antagoniques de ce que doit être l’ordre social ». Pour Nemo, trop d'impôt « empêche l’économie d’atteindre le degré de productivité et de production qu’elle pourrait atteindre », et « appauvrit à moyen terme ceux-là mêmes qu’on avait promis d’enrichir en pillant les riches ».
À l'Assemblée, on compte beaucoup de fonctionnaires et très peu d'entrepreneurs. Dès qu'il s'agit d'économie, la majorité de nos députés pédalent dans la béchamel, confondent chiffre d'affaires et bénéfices, peinent à maîtriser une règle de trois.
Mélenchon veut supprimer la TVA : 100,8Mds/an, soit un tiers des recettes de l'État. Par quoi la remplacera-t-il ? Peut-être un nouvel impôt sur les riches, comme le propose Thomas Piketty dans Le Monde. À ce stade, taxer les riches, présenté comme la panacée, est carrément une « obsession » (Politico).
Le Parisien, lui, s'intéresse à la « gabegie des commandes publiques » et se demande qui négocie les tarifs des catalogues de la fonction publique : 48€ une ampoule, n'est-ce pas un peu abuser ? Et la chaise en plastique à 274€ ? On la trouve à 14,99€ chez Ikéa... En 2023, l'administration a dépensé 155Mds pour son mobilier et ses fournitures. Rien de moins !
Savez-vous qu'il existe 438 « opérateurs de l'État », des organismes qui remplissent des missions de services publics, certaines fort discutables ? Toutes sont très gourmandes, et Le Figaro indique que leur budget est passé de 39Mds€ en 2012 à 81Mds€ cette année...
Israël a « dosé » ses représailles contre l'Iran pour éviter l'escalade, détruisant notamment des sites de fabrication de missiles balistiques et de drones. Sans perdre un seul avion, dont certains (pied de nez aux mollahs) étaient pilotés par des femmes (New York Times). Après les frappes, l'Arabie saoudite a évité toute mention directe d'Israël, se gardant de le désigner comme « l'ennemi ». Au contraire : le Prince héritier ben Salman « accepte les actions d'Israël concernant la sécurité régionale » (Jerusalem Post).
En Bref : Antonio Guterres, le patron de l'ONU qui s'est incliné devant Poutine au sommet des BRICS, en Russie, avant de serrer le dictateur biélorusse Loukachenko dans ses bras, a provoqué la colère des Ukrainiens. Zelensky refuse de le recevoir (AFP) - Début de la visite d'État d'Emmanuel Macron au Maroc pour une opération « réconciliation » (l'Opinion) - Près de 70% de l'énergie en Europe reste fossile et massivement importée. La France s'en tire mieux que ses voisins grâce à son parc nucléaire (l'Opinion) - Gérard Depardieu sera à la barre du tribunal correctionnel de Paris ce lundi - Dans le Puy-de-Dôme, l'ancien maire de Saint-Hilaire-Lacroix a légué toute sa fortune pour restaurer l'église du village - Le Belge Mario Vangeel, maraîcher à Kasterlee, a remporté le 1er prix du concours de citrouilles, avec une cucurbitacée de 1.152 kilo. Ça en fait, des tartes et des potages. Mais moi, ce week-end, j'ai découvert le Banh Cuon, et franchement, ça se défend
La reprise de Kids in America par Green Day, c'est plutôt bien pour un lundi.
Estampe : "Le Temps présent veut que chacun suporte le grand fardeau &c". : dette nationale, impôt territorial; date d'édition : 1789 (Coll De Vinck, Un siècle d'histoire de France par l'estampe, 1770-1870 / BnF, département Estampes et photographie)
Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste, écrivain et romancière.
Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015), Les Micros du Canard - avec Claude Angeli - (Editions Les Arènes, 2014).
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