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WEEK-END DE BEATITUDE ? Par Stéphanie Mesnier-Angeli

 

     Week-end de béatitude ? Pendant que le gratin du gratin se pressait à Notre-Dame pour une « cérémonie de prestige »

 

 autour de prélats habillés en dragibus, et que les médias abusaient quelque peu de « moment suspendu », « moment de grâce», « grandiose » et « éternel », Bachar-el-Assad bouclait sa valise et sautait dans un avion pour Moscou.

 

   Il n'aura fallu que 12 jours pour que les rebelles islamistes menés par le Hayat Tahrir al-Cham (HTC, Organisation de libération du Levant) fassent tomber, sans trop de résistance, le clan Assad qui régnait sur la Syrie depuis 54 ans. D'abord sous la férule du père, Hafez, puis du fils, Bachar, soutenu militairement par la Russie et l'Iran. La Syrie était l'une des plus féroces dictatures au monde. Émotion donc face aux images de joie de Damas libéré, mais des inquiétudes pour la suite.

 

   L'attaque du Hamas, le 7 octobre contre Israël, aura-t-elle été le battement d'aile de papillon qui bouleverse toute la région ?

Dans Le Figaro, Gilles Kepel livre son analyse et rappelle qu'après les pogroms, Israël n'a pas fait que mener une guerre à Gaza pour annihiler le Hamas. Une seconde offensive a consisté à « saper le croissant chiite ou axe de la résistance anti-sioniste » dirigé par Téhéran. En frappant le Hamas, puis le Hezbollah, Israël a déstabilisé la Syrie. La Russie, affaiblie par sa guerre en Ukraine, et la Turquie contrariée par « le bras d'honneur de Bachar » en réponse à une offre de négociation, ont fait le reste.

Résultat : le régime syrien abattu est une « perte énorme» pour l'Iran. Au point que certains se demandent si le régime des mollahs n'est pas condamné. Donald Trump, aussi isolationniste soit-il, serait « très intéressé par un Iran post-islamiste»...

Israël, lui, s'inquiète de voir « un groupe islamiste (syrien) s'installer à sa frontière du Golan ». D'où l'envoi de troupes dans « une zone tampon pour prévenir toute incursion des djihadistes» (RFI).

Quant à la Russie, Kepel souligne que la chute de Bachar risque de la priver de ses deux seules bases militaires en Méditerranée (Tartous et Hmeimim). De plus, l'image de Poutine en prend en coup. Il apparait incapable de « défendre ses alliés » et « ne pourra pas aborder les négociations avec l'Ukraine en position de puissance ».

Le grand gagnant ? Le « sultan moderne » Erdogan. Ankara rémunère et contrôle plusieurs milices en Syrie. Un ordre de lui et ses « bachibouzouks » n'attaqueront pas les bases de Poutine qui lui sera alors redevable, explique Kepel. Ses objectifs ? « Repousser les milices kurdes loin de la frontière turque, renvoyer dans leur pays les 3M de Syriens réfugiés en Turquie, et peser dans les grandes négociations pour l'avenir de la région qu'annonce Trump » (RFI).

La chute du régime syrien plonge le pays et toute la région du Moyen-Orient dans l’inconnu. Les précédents iraniens, afghans, irakiens, appellent observer les événements avec la plus grande prudence.

 

   Qui pour remplacer Barnier à Matignon ? Macron a annoncé « un cycle de consultations politiques », mais un nom devrait sortir du chapeau « avant mercredi » (Politico). Sur les rangs : François Bayrou (« À 73 ans, il ne semble jamais avoir été aussi proche des portes de Matignon », selon Le Parisien), Sébastien Lecornu (il a « l'oreille de Marine Le Pen » mais Attal est contre, selon la Tribune du dimanche), Catherine Vautrin (« le Président l'a en estime », indique le JDD), et Bruno Retailleau (« apprécié dans les sondages, mais Wauquiez est contre », assure RTL).

À gauche, les « signes d'ouverture » montrés par le PS ont déclenché une grosse colère de Mélenchon qui a tempêté contre Faure dans la presse. Mathilde Panot a tapé du poing sur la table : « J’appelle les socialistes à revenir à la raison. Je ne les menace pas, mais je dis attention à ne pas trahir le programme » (France Inter). Et Hollande ? Depuis qu'il a voté la censure, il se fait « remarquablement discret » et ne s'exprime pas (l'Opinion).

 

   Premier effet de l'alliance de Le Pen avec LFI pour le vote de la motion de censure auprès des électeurs ? Le RN a pris une grosse claque lors de la législative partielle des Ardennes et perdu un siège de député. Le macroniste, largement battu en juillet, reprend sa place.

 

   Fidèle à sa grande élégance, Donald Trump a utilisé une photo de Jill Biden lui souriant durant la cérémonie à Notre-Dame pour promouvoir son eau de Cologne avec ce slogan : « Un parfum auquel même vos ennemis ne peuvent résister ».

 

   En Bref : À Poitiers, un projet d'attentat islamiste a été déjoué - En Roumanie, la Cour constitutionnelle a annulé le 1er tour de l'élection présidentielle en raison « d'ingérences russes d'envergure » sur TikTok. Călin Georgescu, candidat pro-russe d’extrême droite arrivé en tête, se dit « victime d’un complot de l’élite politique » - En 2070, la France devrait compter 19,6M de plus de 65 ans contre 14,8M aujourd’hui (Insee) - Amnesty International France justifie son silence sur l’affaire Boualem Sansal en expliquant n'être « pas en mesure de vérifier de façon indépendante" l’arrestation de l’écrivain - Il est tombé plus d'un mètre de neige dans les Pyrénées en 3 jours - Le jeu du Monopoly reste un « incontournable de Noël », même chez les adultes (BFM) - Canal+ va rendre sa fréquence TNT, ce qui ne sera pas sans conséquence sur le financement du cinéma français, et a annoncé un plan social de 150 licenciements - Les Français se passionnent pour la raclette (Les Échos). Mais il reste un doute : la raclette est-elle française ou suisse ? - Il y a 13.000 ans, les hommes mangeaient bien du mammouth. Et aussi de l'élan et du bison. Bref, beaucoup de viande ! (Science Advences)

L'album de Molly Lewis est presque entièrement sifflé. Et on se croirait dans un film de Pinoteau...


Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste, écrivain et romancière.

Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat  (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015).

Egalement co-auteur de livres politiques (avec Claude Angeli): Les Micros du Canard (Les Arènes, 2014), En basse campagne (Grasset, 2002), Chirac, père et fille (Grasset, 2000), Fort Chirac (Grasset, 1999), Sale Temps pour la République (Grasset, 1997), Le Nid de serpents: bataille pour l'Elysée 1993-1995 (Grasset, 1995), Notre allié Saddam (Orban, 1992).

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