· 

LE MONDE CHANGE, par Stéphanie Mesnier-Angeli

 

 

     Trump a été désigné «Personne de l'année 2024 » par le magazine américain Time. Bon, il est rarissime qu'un président élu ou réélu ne soit pas la «personne de l'année ». C'est arrivé pour Bush, Obama et Clinton. Mais une sorte de "Trumpmania" s'installe aux États-Unis. Hier, l'homme au brushing orange a fait sonner la cloche de l’ouverture de la Bourse à New York, et il a été accueilli comme le veau d'or.

Et pour cause. Depuis son élection, tous les indices américains battent leurs records historiques : 140Mds$ d’achats d’actions ont été enregistrés (du jamais vu en un mois depuis 2000), et la capitalisation boursière des entreprises US représente désormais 60% du total mondial. Un record.

Mais ce n'est pas encore assez pour Trump. Il s'est engagé à ce que « toute personne ou entreprise investissant 1Md$ » aux États-Unis reçoive « les autorisations et permis qu'il lui faut (notamment en matière d'environnement) de manière accélérée ». Vive la simplification administrative ! Et le Président a conclu avec entrain : « Get ready to rock ! »

« L'Amérique est de retour, poussée notamment par la technologie », écrit Le Monde à propos des records enchaînés par Wall Street. « Les économistes évoquent de probables hausses des prix provoqués par les expulsions de migrants et les hausses des droits de douane, mais les marchés s'en fichent. Ils ne voient que des promesses de réduction de l'impôt sur les sociétés, de moins de bureaucratie ou de permis d'investir aux États-Unis ».

 

   C'est le début d'une nouvelle ère. Après avoir transformé X (ex-Twitter, 600M d'utilisateurs dans le monde) en temple de la désinformation, Elon Musk va plus loin en rendant Grok, son Intelligence Artificielle, accessible à tous. Il est désormais possible, en quelques secondes et sans aucune limite éthique, de générer des photos ultra-réalistes de n'importe qui dans n'importe quelle situation. Soumises à des logiciels de détection des "deepfakes", ces photos sont identifiées comme réelles avec une certitude de 33% à 100% selon les plateformes.

« Là où Google, OpenAI et Midjourney ont mis en place des protections éthiques strictes, Grok fait exactement l’inverse. L’entreprise de Elon Musk permet à son IA de créer des images de célébrités dans des situations compromettantes, d’utiliser des personnages protégés par copyright, ou même de générer du contenu potentiellement diffamatoire », écrit Numerama.

Au nom du beau principe de la liberté d'expression, Musk facilite la perversion des esprits et la diffusion massive de contenus «problématiques ».

Nous sommes donc au point annoncé par le visionnaire Yuval Harari (l’auteur de Sapiens) déjà en 2018 : la possibilité offerte à tous de "pirater" le cerveau humain en les nourrissant de fausses infos. Il concluait ainsi un entretien au Monde (19/9/18) : « On est aujourd’hui vulnérable, car on ne réalise pas notre faiblesse. C’est pourquoi il faut commencer par abandonner l’illusion du libre arbitre total : ce qu’on pense et ressent dépend de processus internes de notre corps et de notre cerveau dont on ne sait rien et qu’on ne contrôle pas. Ce qu’on croit être nos sentiments les plus authentiques peut être le résultat de manipulations extérieures. On ne peut se faire confiance. On a eu comme mantra au XXe siècle : « Fais-toi confiance, suis ton cœur. » Mais votre cœur peut être un agent russe ! Ça ne veut pas dire qu’on ne peut faire confiance à personne. Mais nous devons réaliser que nous sommes vulnérables à la manipulation ».

 

   En France, La Haute autorité de santé (HAS) veut un « accès gratuit à la transition de genre pour tous, à partir de 16 ans ». C'est ce qu'elle défend dans un rapport que s'est procuré Le Figaro. Il s'agit de mettre en place une sorte de « service public de la transition de genre » à travers un parcours de soins (hormones, chirurgie) pris en charge par la Sécurité sociale et sans évaluation psychologique préalable, y compris pour les mineurs dès 16 ans. La HAS demande notamment « d’élargir la primoprescription des hormones à tous les médecins et pas seulement aux endocrinologues", ou encore de « former plus de chirurgiens à la féminisation ou masculinisation des visages ».

S’agissant des mineurs, la Haute autorité recommande « de mettre en place une médiation avec les parents pour les pousser à accepter les décisions de leur enfant » . Si les parents persistent à refuser la demande de leur rejeton, la HAS préconise « un signalement pouvant aller jusqu’à une délégation partielle d’autorité parentale, voire une déchéance de l’autorité parentale ou une émancipation ».

Détail troublant, la HAS refuse de rendre publique la composition de sa commission (Le Figaro).

 

   En Bref : Aurons-nous un Premier ministre dans la journée ? Le spectacle est déjà pénible, qu'on nous épargne les détails, du genre « Macron a pris deux fois des céréales au petit déj »« sa cravate est bleue » « Il a regardé par la fenêtre »« une voiture vient de franchir le seuil de l'Élysée »... Pitié ! - L'Australie crée une escouade spéciale d'officiers pour lutter contre l'antisémitisme. Les incendies des synagogues sont déclarés « actes de terrorisme » - L'Arabie saoudite, qui organisera le Mondial de foot 2034, suspendra-t-elle ses exécutions durant les festivités ? - J-2 avant la visite du pape en Corse, où il devrait s'exprimer sur « bien des sujets" (j'attends qu'il s'exprime sur l'aménagement de l'avenue Noël Franchini). Qui paiera la facture ? « Le trajet en avion du pape est à la charge du Vatican, la sécurité dans la ville incombe à l'État français, l'organisation de la journée sera financée par le diocèse d'Ajaccio et ses fidèles » (TF1) - La raclette « séduit toujours plus de Français". Peut-être parce qu'il fait froid ? - Bic s'attaque au marché des brosses à cheveux. Ça décoiffe... (je fais ce que je peux) - Martial Solal, célèbre pianiste de jazz et « roi de l'impro » est décédé à l'âge de 97 ans. La bande originale du film À bout de souffle, entre d'innombrables autres merveilles, c'est lui.


Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste, écrivain et romancière.

Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat  (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015).

Egalement co-auteur de livres politiques (avec Claude Angeli): Les Micros du Canard (Les Arènes, 2014), En basse campagne (Grasset, 2002), Chirac, père et fille (Grasset, 2000), Fort Chirac (Grasset, 1999), Sale Temps pour la République (Grasset, 1997), Le Nid de serpents: bataille pour l'Elysée 1993-1995 (Grasset, 1995), Notre allié Saddam (Orban, 1992).

Écrire commentaire

Commentaires: 0