«Toute nation a le gouvernement qu’elle mérite » (Joseph de Maistre)
J-1 avant le grand oral de François Bayrou devant l'Assemblée. «Début de la stabilité ou du chaos ? » s'interroge Libé, qui plaide pour un accord avec la gauche non-Mélenchon pour «éviter une crise de régime». Le Premier ministre «sacrifiera-t-il les finances publiques sur l'autel du soulagement immédiat» ? se demande pour sa part Le Figaro.
Et ça continue, encore et encore. Les négociations pour cet «accord de non-censure» n'en finissent pas. Au cœur des débats, la réforme des retraites. Chacun joue sa partition : «Nous, on discute pas d'une non-censure, ça c'est le PS. Nous, on a aucune raison de pas voter la censure», a déclaré Marine Tondelier, sur RTL. Elle exige «l'abrogation de la réforme, pas la suspension". Olivier Faure, «qui a pris du poids politique», se contenterait bien d'une suspension (entre autres nombreuses choses). Mais au PS, tout le monde n'est pas d'accord et «il y a de la friture sur la ligne» (Le Parisien).
Gerhard Glück
Quant aux Insoumis, ils ménagent les Verts, accusent les socialistes de «servilité", et «accentuent leurs pressions» pour empêcher un accord (l'Opinion).
«Ce n'est pas un accord de non-censure, c'est une assurance-vie que négocie Bayrou", a accusé Wauquiez (Droite Républicaine). «Et c'est irresponsable pour le pays».
«Bayrou et le PS sont prêts à prendre l'économie en otage. Plutôt que de baisser les dépenses, la gauche et Bercy veulent augmenter les impôts et faire payer les entreprises, au risque d'un décrochage brutal», reprochent Les Échos. Pour Le Figaro, le tableau a quelque chose d'irréel : «un pays ruiné, surendetté, sans budget, avec un Président et un Premier ministre impopulaires, une société plus à droite que jamais et la politique gouvernementale, entre pressions socialistes et écologistes, braquée sur la suspension d'une réforme vitale pour l'économie». Le Télégramme redoute qu'en «remettant en question la réforme des retraites, Bayrou expose la France à une crise financière en guise de boomerang».
La crise diplomatique avec Alger s'intensifie. «Un à un, Alger brûle tous les ponts avec Paris» (Le Figaro). Le retour en France de l'influenceur algérien Doualemn, expulsé pour des propos haineux, est un palier supplémentaire. Estimant qu'Alger «humiliait la France», Bruno Retailleau veut user du «levier des visas ou de l'aide au développement». Darmanin (Justice) propose, lui, de «revenir sur l'accord qui permet à la nomenklatura de se rendre en France sans visa» (20 Minutes). Alger a aussitôt répliqué : «l'extrême droite revancharde et haineuse ainsi que le gouvernement mènent une campagne contre l'Algérie».
«L’offensive des soutiens d'Alger atteint un niveau d’hostilité jamais vu», reconnait un homme du renseignement (20 Minutes).
La France est taxée de «macronito-sionisme», les trolls se multiplient sur les réseaux sociaux, et les propagandistes se qualifient eux-mêmes de «soldats dormants» (Le Figaro). Les Échos rappellent que «la Russie est le plus proche allié d'Alger et lui fournit tous ses équipements militaires». Une coïncidence, sans doute.
Le NFP et notamment les Verts ne partagent pas la position du gouvernement. Pour Tondelier (Verts): «Ce que fait monsieur Retailleau est contraire à l'État de droit. (Cet influenceur algérien) n'est pas un colis de la Redoute. Monsieur Retailleau mérite à lui seul qu'on vote la censure » (RTL).
On peut dire que Tondelier a fait le buzz, ce week-end. Toujours sur RTL, elle a déclaré tranquillou que «40% de la population de Gaza a été exterminée». Soit plus de 800.000 personnes. À ce niveau de désinformation, on a honte pour une responsable politique. Et pour les journalistes qui, face à elle, n'ont pas rectifié.
Selon une étude parue vendredi dans The Lancet, le nombre de morts à Gaza serait de 64.260, soit bien au de-là des estimations du Hamas (38.000) Ce qui représente 2,9% des habitants de Gaza. C'est déjà terrible, inutile d'en rajouter.
Comment The Lancet a-t-il procédé ? «En s'appuyant sur les chiffres des morgues et des hôpitaux, une enquête en ligne auprès des Palestiniens, et les notices nécrologiques sur les réseaux sociaux» (BFM).
En Bref : Une journaliste du Monde s'est incrustée aux obsèques de Jean-Marie Le Pen, dans l'église de la Trinité-sur-Mer, interdite par la famille aux médias. Une méthode était naguère réservée aux journalistes d’Ici Paris ou de France-Dimanche. Comme les temps changent... - L’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Et chacune des 10 dernières années (2015-2024) a battu un record (Copernicus) - Seuls 10 à 15% des soignants sont vaccinés contre la grippe (chiffre en baisse), à l'hôpital et dans les Ehpad. Un défaut qui met en danger des patients fragiles et nourrit l'absentéisme, aboutissant au déclenchement de plans blancs avec des déprogrammations d'opérations (Le Monde). Faut-il rendre la vaccination obligatoire pour les soignants ?En Belgique, la ville écolo de Gand a conseillé à ses administrés de manger leurs sapins de Noël pour éviter le gaspillage, suggérant même des recettes de cuisine. L'agence alimentaire a dénoncé les dangers de ce recyclage - Le milliardaire Mathieu Pigasse veut «engager les journaux que je contrôle (dans) un combat majeur contre l'extrême droite» (Libé). Pigasse a des actions importantes au Monde, aux Inrocks, au Huff Post et à Radio Nova où il a permis le retour de Guillaume Meurice (Le Point).
C'est d'une baguette fougueuse que Riccardo Muti dirige l'ouverture de la Forza del Destino, de Verdi.
Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste, écrivain et romancière.
Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015).
Egalement co-auteur de livres politiques (avec Claude Angeli): Les Micros du Canard (Les Arènes, 2014), En basse campagne (Grasset, 2002), Chirac, père et fille (Grasset, 2000), Fort Chirac (Grasset, 1999), Sale Temps pour la République (Grasset, 1997), Le Nid de serpents: bataille pour l'Elysée 1993-1995 (Grasset, 1995), Notre allié Saddam (Orban, 1992).
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