· 

QUAND LE LOGEMENT NE VA PAS...Par Stéphanie Mesnier-Angeli

«Une tasse de thé accompagnée de toasts beurrés, et un endroit tranquille pour lire le journal (ou la revue de presse), suffisent au bonheur d'un homme (ou d'une femme) pour commencer sa journée »  – mon ami Georges.

 

     Un toit au-dessus de sa tête, ce n’est pas mal non plus. Et le magazine Challenges consacre sa Une et un dossier à la «Crise du logement, un scandale français ».

À Paris, pour un 2 pièces de 29m2 à louer 930€/mois, une agence a reçu 140 appels téléphoniques et 200 mails. En une heure seulement. C'est dire l'acuité du problème.

À chaque annonce, «nous sommes submergés par les candidatures » constate un professionnel.

 

 

🎨Mig Wyeth | Greeting Cards and Stationery

Et « ça ne va s'arranger dans les mois à venir », car les logements avec la plus mauvaise note énergétique, les passoires thermiques, vont sortir du marché. Ce qui va réduire mécaniquement l'offre et aggraver la crise du logement.

Hier, les députés ont refusé d'assouplir l'interdiction de louer les passoires thermiques. « La ministre du Logement en est restée abasourdie : Le bon sens a perdu, la crise du logement va s'aggraver » (Le Monde).

En France, les prix de l'immobilier ont grimpé 1,6 fois plus vite que les revenus. En 3 ans, les offres ont chuté de 50% et la demande, elle, a progressé de 45%.

On compte 4M de mal-logés (Fondation Abbé Pierre). Les Français consacrent 27% de leur budget au logement, contre 9% en 1960.

 

   Les raisons du marasme, selon Challenges ? D'abord, une offre anémiée. Les propriétaires (qui ne sont pas tous des salauds de riches) hésitent à louer, découragés par une fiscalité très lourde (ils se voient ponctionnés jusqu'à 62% de leurs loyers), par la multiplication des normes visant à protéger les locataires (encadrement des loyers, mais pas seulement), et par l'épaisse réglementation environnementale. Ajoutez à cela l'exclusion des passoires thermiques (officiellement 4,8M logements, plutôt 7M selon la FNAIM), et ne vous étonnez pas si la crise « menace désormais toute l'économie  », du secteur du BTP jusqu'aux courtiers et cabinets de notaires (déjà 30.000 emplois perdus).

 

   Le parc social, lui, est de plus en plus vaste (5,9M de logements sociaux, soit +24% en 5 ans). « La France détient le quart des 21M de logements sociaux recensés dans l’ensemble des pays de l’Union européenne » (JDD), mais il n'apporte pas de solutions et les conditions d'attribution, complexes, sont contestées, notamment par le RN qui réclame l'application de la préférence nationale (rejetée hier à l'Assemblée).

L'État consacre pourtant 43,5Mds€ chaque année au logement. Soit « deux fois plus que la moyenne des pays européens ». Il faut croire que cet argent, dont la moitié est composée de prestations sociales, est mal utilisé. Mais, « le secteur est devenu accro à l'argent public, ça va être difficile de le débrancher » (Challenges).

 

   Il faut toujours se méfier des raisonnements simplistes et des effets d'annonce. Profitant de sa  « fenêtre parlementaire », le PS a fait voter (grâce à l'abstention du bloc central) plusieurs lois, pleines de bonnes intentions a priori. Mais, à y regarder de plus près...

Contraindre les réparateurs d'ascenseurs à intervenir très vite, en les obligeant à « constituer des stocks de pièces de rechange », c'est bien joli. Mais la liste de ces pièces est renvoyée à des décrets. Et comment fera-t-on respecter cette usine à gaz administrative ? Rien de prévu.

Quant à « donner accès à tous les étudiants à des repas à un euro », pourquoi est-ce que les plus pauvres contribueraient-ils à payer, par leurs impôts, les repas des étudiants aisés ?

Dernier texte adopté : fixer le principe d'un minimum de soignants par malade (les seuils précis par spécialité étant, là encore renvoyés, à des décrets). Cela résoudra-t-il vraiment la pénurie de personnels hospitaliers ?

 

   En Bref : La France a connu une croissance négative au 4e trimestre (Insee) - Valérie Pécresse (LR) propose d'indexer l'âge de départ à la retraite sur l'espérance de vie (Politico) - Emmanuel Macron a usé 158 ministres différents depuis 2017, un record sous la Ve République (France Info) - Dimanche, n'oubliez pas le pop-corn : en plus du 2e tour de la municipale à Villeneuve-Saint-Georges avec Louis Boyard, aura lieu le 1er tour de la législative partielle dans la 9e circonscription des Hauts-de-Seine pour remplacer Stéphane Séjourné - En tête des nominations pour les César : Le Comte de Monte-Cristo, l'Amour ouf et En Fanfare, des succès populaires - Ursula von der Leyen veut « tendre la main à la Chine »   - Un gynécologue de Pau qui avait refusé de prendre en charge une patiente transgenre a été interdit d’exercer pendant un mois - Le Financial Times estime que notre pépite de l'IA, Mistral AI, a déjà loupé le coche face à la concurrence et que c'est foutu - 80% des Français disent avoir des troubles digestifs - Dans une lettre à ses troupes, le patron de la gendarmerie nationale estime que  « depuis l’invasion russe en Ukraine, la possibilité d’un conflit armé et d’une agression du sanctuaire national doit être sérieusement envisagée ». Ça ne va pas arranger nos problèmes de digestion...

Figure emblématique de la pop anglaise et voix singulière, Marianne Faithfull est morte à 78 ans. Mon titre chouchou (Album A secret Life, 1995) :


Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste, écrivain et romancière.

Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat  (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015).

Egalement co-auteur de livres politiques (avec Claude Angeli): Les Micros du Canard (Les Arènes, 2014), En basse campagne (Grasset, 2002), Chirac, père et fille (Grasset, 2000), Fort Chirac (Grasset, 1999), Sale Temps pour la République (Grasset, 1997), Le Nid de serpents: bataille pour l'Elysée 1993-1995 (Grasset, 1995), Notre allié Saddam (Orban, 1992).

Écrire commentaire

Commentaires: 0