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Remerciements à Louison (Louise Angelergues), dessinatrice de presse et autrice de BD, "d'après Picasso"
C'est « la fin de l'après-guerre », a déclaré l'eurodéputé Bernard Guetta (LCP). « La fin de l'ordre d'après Deuxième Guerre mondiale », écrit Die Welt. Les États-Unis n'assument plus leur rôle de grand frère, et les Européens, pourtant prévenus depuis des années, sont restés sans réponse. « Les USA sont en train de démanteler leur propre ordre mondial. Ils se rangent au côté des régimes les plus brutaux. Le Vieux Continent doit se défendre et se réarmer » (Handelsblat). « On ne peut pas rester les bras croisés. L'Europe a les moyens de parler à égalité avec les États-Unis", veut croire El País.
Après les déclarations de Trump venant de s'entretenir avec Poutine, après le discours du chef du Pentagone Pete Hegseth à l'OTAN, et après les « leçons de démocratie » infligées sans complexe par JD Vance à Munich, l'Europe a-t-elle enfin compris ?
Ce n'est pas certain. Pourtant, elle est sur la touche. « Les USA font toujours partie de l'OTAN, mais l'Europe ne peut plus compter sur eux pour lui venir en aide », souligne le Financial Times. Et les négociations sur le sort de l'Ukraine se tiendront sans elle en Arabie saoudite, sous l'égide d'un autre défenseur de la liberté d'expression et découpeur de journaliste à la tronçonneuse, le prince Mohammed Ben Salmane.
« Poutine est plus malin que Trump, lequel a pris le risque de l'échec, de se faire humilier et rouler dans la farine en capitulant avant même les négociations », juge Libé.
Après la sidération, c'est l'indignation. Et la grande question, résumée par Le Parisien : « Comment rester dans la course ? » Macron, qui compte en profiter pour prendre le leadership européen, organise aujourd'hui à l'Élysée une « conversation » entre dirigeants de l'Allemagne, du Royaume-Uni, de l'Italie, de l'Espagne, des Pays-Bas, de la Pologne, du Danemark. Ursula von der Leyen pour la Commission européenne et Mark Rutte pour l’OTAN ont été invités. (Le Parisien).
Dans ce « test d'unité pour l'Europe », l'attitude de Girorgia Meloni, figure de l'extrême droite et fervent soutien de l'Ukraine, sera particulièrement observée (Domani). Elle a hésité à répondre à l'invitation de Macron, se dit d'accord avec JD Vance, mais s'inquiète des « garanties de sécurité » offertes à Kiev. Et elle a soutenu le président italien Mattarella, quand il a comparé la stratégie de Poutine à celle d'Hitler en Europe. « Les insultes russes offensent toute la nation italienne », a déclaré la Première ministre (la Repubblica).
Zelensky, lui, n'a pas attendu pour faire de la résistance (depuis 3 ans, c'est sa spécialité). Il a refusé de signer l'accord sur l'exploitation de ses terres rares que veut lui imposer Trump. « Cela ne sert pas les intérêts de l'Ukraine », a-t-il dit (Les Échos). Et il se rend en Arabie saoudite pour y signer des accords économiques. Il a aussi proposé à Keith Kellogg, l'émissaire de Trump pour l'Ukraine, une virée sur le front, afin qu'il puisse « évaluer personnellement la situation » (RFI).
L'économie russe se porte mal. De l'aveu même de l'administration, le prix des pommes de terre a augmenté de +90,5% en un an, suivi du beurre (+36,2 %) et des oignons (+48,2 %). Selon les experts, ces chiffres masquent une réalité autrement plus alarmante. « L'impact des sanctions occidentales se fait durement sentir » (Le Grand Continent).
Pendant ce temps, aux États-Unis, les équipes de Musk poursuivent leur grand ménage et ont viré plusieurs centaines d'employés du ministère de l'Énergie. Sans réaliser que, parmi eux, se trouvaient des membres de la sureté nucléaire, dont plusieurs dizaines sont chargés de « gérer les stocks d'armes nucléaires ». Une boulette pas si facile à corriger. Impossible de contacter les personnes licenciées : leurs coordonnées avaient été supprimées. Il a fallu envoyer un mail aux employés rescapés de la purge pour leur demander d'essayer de les joindre (Fortune).
En Bref : En Israël, « après 500 jours, la guerre doit prendre fin, et les otages, rentrer chez eux », titre le Jerusalem Post qui met le ruban jaune à sa Une - En réponse aux visées de Trump sur le Groenland, les Danois ont lancé une pétition : « Achetons la Californie » - Biarritz, Bayonne et Anglet sont dans le top 10 des villes où il fait bon vivre en France - Après plus de 2 mois de squat de la Gaité lyrique par 300 migrants, le tribunal administratif a ordonné son évacuation - D’après le Dauphiné Libéré, 8 fusillades ont eu lieu à Grenoble au mois de janvier, avec 7 blessés par balles - Le député insoumis Delogu a écopé d'une amende de 5.000€ pour « violences aggravées sur un proviseur adjoint et une conseillère d'orientation ». Et son collègue Ratenon a pris à 6 mois de prison avec sursis pour conduite en état d'ivresse - Dans une vidéo, le duo Hadrien Clouet et Antoine Léaumont a montré qu'il a tout compris au système des retraites en déclarant : « La retraite, c'est votre argent, que vous avez mis de côté chaque mois durant votre vie, et que vous retrouvez à la fin. Là, ce qu'on parle, c'est de récupérer votre fric.»
Un saut à Bahia où il ne pleut pas ?
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Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste, écrivain et romancière.
Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015).
Egalement co-auteur de livres politiques (avec Claude Angeli): Les Micros du Canard (Les Arènes, 2014), En basse campagne (Grasset, 2002), Chirac, père et fille (Grasset, 2000), Fort Chirac (Grasset, 1999), Sale Temps pour la République (Grasset, 1997), Le Nid de serpents: bataille pour l'Elysée 1993-1995 (Grasset, 1995), Notre allié Saddam (Orban, 1992).
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