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UN OEIL SUR CE QU'IL SE PASSE DEHORS ? Par Stéphanie Mesnier-Angeli

 

     « Flop national », hier, pour sauver la Marine. Photos aériennes calamiteuses et discours surréalistes. Passons sur les excès des chauffeurs de salle. Toute honte bue, Le Pen s'est comparée à Alexeï Navalany, mort dans une colonie pénitentiaire russe, puis à Martin Luther King (j'ignorais qu'ils avaient détourné des fonds publics). La presse suisse ironise : « Moins de monde place Vauban ce 6 avril que le 28 août 1963 à Washington lorsque Luther King a prononcé son célèbre "I have a dream" devant 250 000 personnes » (Le Temps). Sky News compare plus volontiers Le Pen à Trump : « Tous deux se disent victimes de chasse aux sorcières" et conspuent les juges. « Le RN peine à mobiliser », constate Le Parisien« Difficile de se prétendre une victime quand le verdict est si clair et que 61% des Français approuvent la condamnation » (Le Point). « Le Pen risque de se rediaboliser », estime l'Opinion. Le soutien du JDD, lui, ne faiblit pas : « Marine Le Pen n’est ni affaiblie, ni discutable, ni remplaçable ».

Place de la République, le « contre-meeting » des Insoumis et des Verts, hérissé de drapeaux palestiniens, était aussi maigrelet. Bompard se veut rassurant : « C'était un tour de chauffe avant le 1er mai » (Le Parisien).

« L’Événement Renaissance », lui, était prévu de longue date. À la Cité du Cinéma, à Saint-Denis, Gabriel Attal a accusé l’extrême droite « d’attaquer nos juges et nos institutions ». Avant de lâcher, sous le nez de Bayrou assis au 1er rang : « Cette semaine, on était peu à défendre l'État de droit. Il y a eu des muets, il y a eu des troublés ». Et de conclure : « Tu voles, tu payes ».

 

   Aux États-Unis, alors que les grandes figures démocrates sont aphones, le mouvement "Hands Off" (Bas les pattes), qui rassemble « des millions de citoyens » (CNN) opposés au régime Trump-Musk, secoue les grandes villes. Selon le NY Times, les manifestants « ont défilé pour défendre les parcs nationaux et les petites entreprises, l'éducation publique, les soins de santé pour les anciens combattants, le droit à l'avortement. Ils ont manifesté contre les droits de douane et les oligarques, le fascisme, l'expulsion des migrants et le DOGE » (Musk).

« L'autre Amérique est de retour dans la rue » se réjouit le Corriere della Sera« Cette mobilisation est implicitement une critique envers le parti Démocrate, qui n'a pas fait preuve de beaucoup de résistance contre Trump », remarque El País.

En Europe aussi, à Paris, Londres, Berlin et Lisbonne, des Américains sont descendus dans la rue pour exprimer leur colère contre la politique de Trump (Politico).

 

   Désorganisation à tous les étages, à qui profite le crime ?

Trump a mis le feu à la planète économique en annonçant des droits de douane vengeurs dont personne ne comprend la cohérence, fait plonger les Bourses au point qu'un « krach » se profile (FT). Mais il a exempté la Russie et reçu à la Maison-Blanche, le jour même de ses annonces, Kirill Dmitriev, un banquier d'affaires russe, envoyé spécial de Poutine (Reuters).

Sur les conseils d'une influenceuse suprémaciste blanche et raciste pro-russe qu'il n'avait jamais rencontrée, Trump a limogé une dizaine de hauts responsables de la sécurité, dont le patron de la NSA et du cybercommandement, la vice-directrice et divers membres du Conseil de sécurité nationale. Tous sont accusés par l'influenceuse d'être « déloyaux » envers le Président. Ajouté aux purges sans précédent menées au Pentagone et dans les diverses administrations, voilà qui met les États-Unis en état de « grande vulnérabilité » (NY Times).

Trump s'est félicité des « avancées » des discussions sur une trêve entre Kiev et Moscou, alors qu'il n'y en a aucune, et que les Russes, profitant de l'arrêt de l'aide américaine à Zelesnky, pilonnent l'Ukraine et tuent des enfants. Sans risque d'être sanctionnés par Washington (The Observer).

Enfin, Trump a soutenu Marine Le Pen, en qui il se reconnait. Puis, désinvolte, il est parti jouer au golf. Au moment où quatre cercueils de soldats américains qui ont trouvé la mort en Lituanie revenaient au pays.

 

   En Bref : CNews a confié une chronique régulière à Xenia Fedorova, ex-patronne de la chaîne pro-Kremlin, Russia Today. Titre de sa chronique : "L'Œil de Xenia". En référence à l'œil de Moscou ? - La photo de Bardella avec Jean-Marie Le Pen, rachetée en 2004 par Bolloré pour ne jamais être publiée, est sortie dans Franc-Tireur - Le LR David Lisnard propose, pour la 1re fois depuis Vichy, d'interdire un syndicat, le Syndicat de la Magistrature (Sud Radio). Et l'APM, son pendant d'extrême droite ? - Netanyahou, à qui selon Haaretz « la guerre profite », rencontre Trump pour négocier les droits de douane et parler de Gaza - Sud Rail appelle les contrôleurs de TGV à faire grève les 9, 10 et 11 mai - La cote de Bayrou passe sous les 20%. Et pourtant, il ne fait rien... - Le Parisien lance une alerte au CBD trafiqué, coupé avec des molécules de synthèse. Vendredi c'était une alerte aux « fientes de pigeons qui s'invitent sur les terrasses et les carrosseries » - Près de 7.000 langues encore parlées dans le monde sont menacées d'extinction, 1.500 auront disparu d'ici à la fin du siècle (Die Zeit) - L’ancien candidat à la présidentielle Jean Lassalle se lance dans le seul en scène. Titre de son spectacle ? "Jean dans la(s)salle". Rien ne nous sera épargné...

Est-ce Satan qui mène le bal ?


Stéphanie Mesnier-Angeli est journaliste, écrivain et romancière. En procès actuellement aux prud'hommes avec la direction du Canard enchaîné qui lui refuse le droit de signer.

Auteur entre autres de Barnabé - Le Roman d'un chat  (Librinova, 2021), Tueuses mais pas trop (Fayard, 2015).

Egalement co-auteur de livres politiques (avec Claude Angeli): Les Micros du Canard (Les Arènes, 2014), En basse campagne (Grasset, 2002), Chirac, père et fille (Grasset, 2000), Fort Chirac (Grasset, 1999), Sale Temps pour la République (Grasset, 1997), Le Nid de serpents: bataille pour l'Elysée 1993-1995 (Grasset, 1995), Notre allié Saddam (Orban, 1992).

Stéphanie Mesnier-Angeli est une contributrice du PRé  et livre cette Revue de presse depuis septembre 2024.

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