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IL N'AURA FALLU QUE 70 JOURS A DONALD TRUMP, par Stéphanie Mesnier-Angeli

 

     Il n'aura fallu que 70 jours à Trump avant d'évoquer la possibilité d'un 3e mandat, que lui interdit pourtant la Constitution. Sur NBC, n°47 a dit son ambition de devenir n°48, précisant qu'il « ne plaisantait pas  ».

Qu'un président à peine en place cherche déjà les moyens de contourner la Constitution qu'il a juré sur la Bible de protéger et de défendre, en dit long sur l'état de la démocratie américaine.

Et quelle est la méthode que privilégie Trump pour atteindre son but ? Celle employée naguère par Poutine : faire concourir Vance en 2028 en se contentant du poste de vice-président, avant de reprendre la place (The Guardian, Politico).

Cet incroyable changement de régime auquel on assiste doit nous conduire à nous interroger sur notre attachement à la démocratie, à ses valeurs de liberté, et à prendre conscience qu'elle est en danger.

 

   Trump a encore sidéré son monde en menaçant de nouvelles sanctions les entreprises européennes qui mèneraient des « politiques d'inclusion », c.a.d. un «wokisme, même édulcoré ». Les boites françaises ont reçu un questionnaire, et sont invitées à certifier qu'elles ne luttent pas contre les discriminations. Le Medef a dit son « indignation  » et le gouvernement dénonce une « ingérence inadmissible  » (Les Échos).

Mais pourquoi Trump déteste-t-il autant les Européens ? se demande l'Opinion« Son père était allemand, sa mère écossaise, son ex-femme tchèque, son épouse slovène, sa villa est d'inspiration espagnole, le marbre de sa tour vient d'Italie  »...

« Nous, Américains, n'avons pas besoin d'amis. Même si nous devons bousculer le Danemark pour prendre le Groenland, nous le ferons, nous sommes des grands. Nous avons largué des bombes atomiques sur le Japon, et regardez : maintenant, ce sont nos alliés  », a déclaré Jessie Watters, chroniqueur sur Fox News et proche de Trump. Son ancien collègue sur la chaîne, devenu patron du Pentagone, Pete Hegseth, a décrit le Japon comme « un partenaire indispensable pour affronter la Chine ». Mais le malaise est « immense » à Tokyo (The Japan Times).

 

   Trump a élargi son projet d'accord sur les minerais ukrainiens : terres rares, mais aussi pétrole et gaz, sans aucune garantie de sécurité (FT). Zelensky ne l'a pas signé, ce qui rend l'orange présidentielle verte de rage : « S'il ne signe pas, il aura de gros problèmes, de très gros problèmes  », a-t-il menacé. Il s'est dit aussi « très énervé  » par la Russie, qui traîne des pieds pour conclure une trêve en Ukraine » (NBC). Mais on parie que Poutine ne risque pas, lui, « de très gros problèmes  ».

 

   Dans cette chaude ambiance, « les militaires européens se préparent à une confrontation de long terme avec la Russie  », titre Le Figaro« Il y a 100% de chances que Poutine teste un pays européen, là où il sentira une faiblesse  », dit un officier français. Et donc, Poutine ne comprenant que la force, le message doit être clair : bas les pattes. Suède, Pologne et États baltes sont particulièrement à cran. Cependant, il y a des maillons faibles. « Nous avons plus de 1.000 soldats stationnés en Roumanie. Mais les services russes sont actifs et ils essaient de choisir le président roumain... Il ne faut faire aucun cadeau à la Russie dans la guerre informationnelle  » (Le Figaro).

Des drones russes ont survolé un centre de haute technologie en Italie (Il Resto del Carlino)

 

   Plus qu'une poignée de minutes, avant le jugement Le Pen (verdict à 10 heures). La patronne du RN risque 5 ans d’inéligibilité avec exécution provisoire (sans suspension de la peine durant l’appel) pour « détournement de fonds publics  ». Elle pourrait donc ne pas pouvoir se présenter en 2027 (sa 4e tentative).

D'une manière générale, les politiques se serrent les coudes. Bruno Gollnisch prophétise un « tremblement de terre  » (France Info), Bayrou craint « un choc dans l'opinion  » (Le Figaro), la droite dit son malaise et appelle à « revoir la loi  », du côté de LFI on affirme que « seul le suffrage peut trancher  » (Politico). Marine Le Pen, elle, se dit « sereine  », le RN menace de « bordelliser le système  » et de voter la censure du gouvernement, ce qui provoquerait une nouvelle crise politique.

 

   En Bref : Aucun accord en vue, pas la moindre progression dans les négos entre Netanyahou et le Hamas pour récupérer les derniers otages (Jerusalem Post) - Au Groenland, la visite de Vance et de son épouse a été une humiliation sans nom (3 petites heures et puis s'en vont), et les principaux partis locaux annoncent former une large coalition pour faire face à « la lourde pression  » des Américains (RFI) - Trump a signé un décret pour retirer des musées « toute idéologie non appropriée  » et reprendre le contrôle de ces institutions accusées de mener un « endoctrinement idéologique racial  ». Il promet aussi de « restaurer les statues qui ont été déboulonnées  » (RFI) - L'Hermione est en cale sèche à Anglet, rongée par les champignons, attendant 5M€ pour être remise à flot - Sous la pression des électeurs, plusieurs mesures environnementales perçues comme « punitives », tels les EFE ou le ZAN, vont être abandonnés (Le Parisien) - J'ai découvert dans Elle qu'il existait des « coachs en augmentation de rémunération » ... - La défense est libre, mais les méthodes et les saillies brutales et sexistes de l'avocat Jérémie Assous au procès de Depardieu ont provoqué l'indignation (Le Monde) - Un bunker allemand de la Seconde guerre mondiale est en vente à Tourcoing, sur le Bon Coin - Avec 50 cm bien poilus, Pugsley Addams, un Maine Coon du Minnesota, détient le record mondial du chat à la plus longue queue. Et sa croissance n'est pas terminée !

Le nouvel album de The Mercurial entretient le feu...

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SOUVERAINETE ALIMENTAIRE : UN ENJEU STRATEGIQUE, Par Dominique Lévèque

 

     En France, on n’est pas avare de mots. Il arrive même que l’on s’intéresse à leur sens et à leur portée. Parfois, on ambitionne un palier supplémentaire : mettre nos mots en actes, viser l’efficacité de nos mots, leur impact sur la réalité. Qui pourrait nous le reprocher ? Il suffit de voir combien la demande d'efficacité, pas moins que celle d’autorité et de solidarité, dans les politiques publiques et les décisions prises par les gouvernements successifs grandit dans l’opinion depuis 18 ans, souvent dans une colère à peine sourde,  pour ne pas en douter. Sauf que parfois il y a loin de la coupe aux lèvres.

 

   Depuis que la notion de souveraineté alimentaire est apparue dans l’arène internationale avec la déclaration de la Via Campesina, en marge du Sommet mondial de l’alimentation de 1996, dont les contours furent ensuite définis par le Forum sur la souveraineté alimentaire organisé à Rome 2002, reprise  par les Nations-Unies dans une « déclaration sur les droits des paysans » en 2018, on a parfois l’impression qu’il y a du « mou dans la gâchette ». Ou que l’enfer est parfois pavé de bonnes intentions ?

Pierre Bouchacourt  pointe quelques-uns de ces contrariétés qui  traduisent l’oubli que se nourrir est non seulement un droit humain de base, mais aussi un devoir pour les Etats, voire les unions d’Etats de définir leur propre politique alimentaire, agricole, territoriale conformes aux besoins des populations, à leurs propres exigences économiques, sociales et écologiques. On oublie trop souvent que « La souveraineté alimentaire inclut un véritable droit à l’alimentation et à la production alimentaire, ce qui signifie que toutes les populations ont droit à une alimentation saine, culturellement et nutritionnellement appropriée, ainsi qu’à des ressources de production alimentaire et à la capacité d’assurer leur survie et celle de leur société. ».

 

   En France, la pandémie de la Covid-19 puis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui ont déstabilisé les filières d’approvisionnement dépendantes des marchés internationaux ont singulièrement mis en exergue cette exigence : être autonome dans ses choix de production, d'approvisionnement et de consommation, réduire notre dépendance, selon le vieil adage de ne pas mettre nos oeufs dans le même panier, ce que je ne confonds pas avec la notion d’autosuffisance alimentaire.

 

   On se souvient que le projet de loi d’orientation agricole fut examiné à l’Assemblée nationale en séance à partir du mardi 14 mai 2024 qui proposait de retenir 3 axes essentiels : assurer l’approvisionnement alimentaire, anticiper et s’adapter aux conséquences du dérèglement climatique, contribuer à la décarbonation de l’économie.  Le problème , c’est que le projet est vite devenu une sorte de fourre-tout où les uns et les autres ont voulu y déposer tout leur paquetage politique, pour ne pas dire idéologique.

Moyennant quoi, on se retrouve aujourd’hui avec une loi d’orientation agricole (LOA) élaborée dans la foulée de la colère des paysans en 2024, initialement assez mal rédigée, aux enjeux certes complexes, dont près d’un tiers des articles ont été censurés (en totalité ou partiellement, et à juste titre lorsqu’il s’agissait de « cavalier » sans lien suffisant donc avec le texte de loi, soit 10 articles) jeudi 20 mars par le Conseil constitutionnel dont c’est la première décision sous la présidence dorénavant de Richard Ferrand, suite à une saisine par des députés LFI et écologistes.

 

   Est-ce que la visée d’une souveraineté alimentaire, sur laquelle insiste avec raison Pierre Bouchacourt dans son billet du samedi 22 mars pour le PRé, en même temps que celle d’une agriculture plus durable, moins intensive est confortée pour autant ?

Est-ce que le monde paysan déjà confronté aux conséquences du dérèglement climatique et à l’urgence de changer de modèle, s’en sort mieux soutenu, mieux accompagné dans son engagement dans la Transition écologique ? 

Est-ce que les consommateurs français vont s’en trouver plus confiants ?

Certes, de l'aveu même de ses défenseurs, la loi votée n'avait pas vocation à répondre à l'ensemble des enjeux du monde agricole, notamment en matière de rémunération et de foncier. C'est pourquoi , il faut espérer que d'autres textes seront appelés à prospérer sur ce socle législatif.

 

   Décréter l’agriculture comme faisant partie de « l’intérêt fondamental de la Nation », cela ne peut pas être une mauvaise chose, mais quelle en sera la portée juridique ? 

 

   Est-ce que les mots contenus dans cette loi, assez peu contraignante au final, vont être suivis d’effets ? On voit bien, sur tout un tas d'autres registres, dans un monde de plus en plus dominé par des "clowns noirs", comme dit le dramaturge Valère Novarina, un monde que l'on ne reconnait plus, où les autocraties se donnent la main pour assouvir leur soif d'expansion, soumettre leurs voisins, où ce qui est hype, c'est de gouverner sans retenue, y compris contre sa propre démocratie, combien le choix des mots est fondamental quand il s'agit de notre autonomie de subsistance, c'est-à-dire existentielle, en France et en Europe.

C’est la seule multiple et même question qui vaille. Il en est de la souveraineté alimentaire comme de la souveraineté pharmaceutique,  énergétique, ou de défense, si c'est vraiment vital et stratégique, il faut de la méthode, il faut investir, il faut mutualiser, si possible à la bonne échelle. Il n'est plus temps de se payer de mots.

 

Dominique Lévèque est secrétaire général du PRé

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L'ENVIRONNEMENT CONTRE LA SOUVERAINETE ? Par Pierre Bouchacourt

 

     En 2005, la France décidait de faire de la protection de l’environnement une valeur constitutionnelle. Une décision qui ne coûtait rien, mais qui permettait de s’afficher en phase avec son temps. Déjà à l’époque, les alertes sur les limites des ressources naturelles se faisaient entendre. Depuis combien d’années entendons-nous, chaque mois de juillet, que nous avons consommé ce que la Terre peut produire en un an ?

 

Vingt ans plus tard, en mars 2025, alors que les agriculteurs — ceux qui produisent l’essentiel — sont étranglés par des normes parfois absurdes, une concentration des exploitations étouffant les plus petits, une pression constante sur les prix, et une concurrence déloyale alimentée par des traités de libre-échange plus que discutables… la nouvelle loi d’orientation agricole proposait un principe simple : la non-régression de la souveraineté alimentaire.

 

Un symbole fort, une tentative de dire : « assurons-nous, au minimum, de ne pas reculer sur ce qui nous permet de nourrir notre population. »

 

Et pourtant, que croyez-vous qu’il advint lors du passage de la loi devant le Conseil constitutionnel, saisi par des députés de La France insoumise et des écologistes ? Ce principe de non-régression a été censuré. Motif : il contrevenait à la valeur constitutionnelle de l’environnement. Oui, l’affirmation de la souveraineté alimentaire a été jugée incompatible avec la protection de l’environnement.

 

La France est sans doute l’un des pays les plus exigeants en matière environnementale. À tel point que cette exigence finit souvent par la rendre moins compétitive, lui faire perdre des parts de marché, et désormais affaiblir sa capacité à nourrir sa population.

Dans un monde de plus en plus instable, où le plus fort impose sa loi, ne pas pouvoir garantir notre souveraineté alimentaire est une forme de trahison.

Un renoncement inquiétant, masqué derrière des principes qui, mal appliqués, finissent par nuire à ceux qu’ils prétendaient défendre.

 

Il est temps que les responsables politiques renouent avec l’essentiel : l’intérêt général. Qu’ils aient le courage de prendre des décisions qui assurent notre résilience, plutôt que de s’acharner à agir sur des terrains où, trop souvent, ils n’ont ni prise réelle ni compréhension suffisante des enjeux.

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